Le premier est un fils de pub, il en use et en abuse jusqu’à la moelle pour berner la populace. Un peu vicieux, un peu crapule, un peu maître-chanteur, un peu rancunier, un peu à l’égo surdimensionné et un peu humain.
Il a su s’introduire dans la pauvreté et chez les pauvres tunisiens jusqu’à se présenter comme porte-drapeau de la misère et de la souffrance des sans dents. Profitant du malheur qui l’a frappé en perdant son fils, il parcourt la Tunisie avec un visage humain mais très calculateur qui plaît.
Sa télévision a fait de lui le défenseur numéro 1 de la veuve et de l’orphelin et a suscité autour de lui un engouement sans précédent qui l’a fait monter dans les sondages jusqu’à occuper la première place des possibles présidentiables.
Le deuxième est un fils du peuple, un peu « Mahboula w’Zaghrtoul’ha fi Wdhen’ha ». Jamais en retard d’une connerie pour plaire aux extrémistes religieux et toujours en avance pour faire l’apologie de l’archaïsme où se mélangent un islamisme dangereux et un arabisme détestable.
Kaïes Saïed plaît aux faux progressistes, aux conservateurs et aux attentistes, les (Mouch wa9tou). Ennahdha le regarde avec un œil bien vaillant et le pousse à faire son cirque médiatique du style d’un « One Man Show » d’un recalé du théâtre pour occuper le terrain avant de le jeter.
Ces deux larrons sont la preuve de la faillite de la politique et des politiciens classiques. Les électeurs dont beaucoup sont les adeptes des deux frères (Chebbi), Naoufel Ouartani, Sami Fehri et toute la clique des jobards et des manchots de l’intelligence, sont impressionnés par le cinéma de l’un comme de l’autre et n’arrivent pas à se projeter dans l’avenir pour mesurer l’ampleur de la catastrophe qui guette la Tunisie en la confiant à l’une de ces personnes.
Nabil Karoui et Kaïs Saïed sont aussi les favoris de la Tunisie profonde oubliée par la capitale et laissée se démener toute seule pour survivre. Les deux têtes des sondages de Hassen Zargouni sont une solution éphémère et dangereuse pour un vrai problème politique résultant de l’égoïsme, l’éparpillement, l’égocentrisme et la lâcheté d’une classe politique immature incapable de se renouveler et qui vit de compromis et de compromission. Non, Messieurs-Dames la Tunisie mérite mieux que ces deux enflures !
Par Ali Gannoun, professeur à l’Université de Montpellier II