Tripoli (Reuters) – Un bombardement aérien a fait 44 morts et plus de 130 blessés mardi soir dans un centre de détention de migrants situé dans les faubourgs de Tripoli, la capitale libyenne, ont annoncé les Nations unies.
Il s’agit du bilan le plus lourd pour une frappe aérienne ou un bombardement depuis le début de l’offensive terrestre et aérienne lancée il y a trois mois par les forces du maréchal Khalifa Haftar pour s’emparer de Tripoli, où se trouve le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale. L’émissaire de l’Onu pour la Libye, Ghassan Salamé, a dénoncé un « crime de guerre ».
Les autorités aéroportuaires ont par ailleurs annoncé dans la soirée de mercredi l’interruption du trafic aérien à l’aéroport de Tripoli après une frappe aérienne. Dans la foulée, les forces du maréchal Haftar ont annoncé avoir détruit la principale salle de contrôle aérien de l’aéroport de Mitiga grâce à un drone.
En mai, un projectile avait atterri à moins de 100 mètres de ce centre, qui abrite 600 personnes à Tadjoura, et blessé deux migrants. Le Haut-commissariat aux réfugiés de l’Onu (HCR) avait appelé à l’évacuation du centre qui est situé près d’un camp militaire dans la banlieue de Tripoli.
La Haut-Commissaires des Nations unies aux droits de l’homme Michelle Bachelet, a souligné que les coordonnées du centre avaient pourtant été communiquées aux deux camps en guerre. « Il pourrait s’agir d’un crime de guerre », a-t-elle ajouté.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a demandé une enquête indépendante, a fait savoir son porte-parole. Le Conseil de sécurité de l’Onu devait se réunir à huis-clos dans la journée, ont indiqué des diplomates.
La Libye demeure le principal point de départ des migrants d’Afrique qui tentent de rejoindre l’Italie par la mer, même si le flux s’est nettement réduit ces derniers mois, les Européens ayant délégué aux autorités libyennes le soin de bloquer les départs.
Sous les décombres
Des milliers de candidats à l’émigration sont détenus dans des centres en Libye, dans des conditions souvent inhumaines, selon les groupes de défense des droits de l’homme et l’Onu. Mercredi, des migrants se trouvaient toujours à Tadjoura après la frappe qui a détruit le hangar en partie.
« Certaines personnes ont été blessées et sont mortes sur la route pendant qu’elles s’enfuyaient et d’autres sont encore sous les décombres (…) », a déclaré Osman Moussa, venu du Nigeria.
L’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar, alliée à un gouvernement parallèle qui contrôle l’Est libyen, avance difficilement sur Tripoli. Elle a promis lundi d’intensifier ses frappes aériennes sur la capitale après épuisement des « moyens traditionnels » de guerre.
Le gouvernement d’union nationale basé à Tripoli (GNA) a dénoncé dans un communiqué une attaque du « criminel de guerre Khalifa Haftar ». Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a réclamé un cessez-le-feu immédiat et une enquête indépendante pour établir les noms des “responsables de ce meurtre horrible de civils innocents”.
L’ANL a réfuté de son côté avoir touché le centre de détention lors du raid aérien, affirmant que des milices alliées à Tripoli l’avaient bombardé après une frappe de précision menée contre un camp militaire. Tadjoura, à l’est de Tripoli, abrite plusieurs camps militaires des forces alliées au GNA, qui sont les cibles de frappes aériennes depuis des semaines.