La prestation de Marine Le Pen jugée sévèrement dans son camp, après la prestation de leur candidate au duel télévisé d’entre-deux-tours.
Avare de compliments envers sa fille qui l’a fait exclure du parti en 2015, Jean-Marie Le Pen n’a pas mâché ses mots. Face à Emmanuel Macron, et devant plus de 16 millions de téléspectateurs, Marine Le Pen « a peut-être manqué de hauteur », a jugé le cofondateur du Front national, accordant toutefois un « match nul » poli aux deux candidats.
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Le ton virulent adopté d’emblée par la candidate du FN, « je pense que c’est son entourage qui l’a conseillé, espérant peut-être un effondrement psychologique d’un homme qui n’apparaît pas forcément comme étant très solide », a analysé Jean-Marie Le Pen, qui a été privé, lui, en 2002, de cette grande explication devant les Français, par le refus de débattre de Jacques Chirac.
Quand tu animes le #Debat2017 pic.twitter.com/OgWRUA3tIX
— Julien Desvages (@JuDesvages) May 3, 2017
Devant les micros, les commentaires sont positifs. « Je pense qu’elle a dominé ce débat parce qu’elle l’a acculé à se montrer tel qu’il est véritablement », a jugé le vice-président du FN Florian Philippot. « Elle est allée démasquer Emmanuel Macron », lequel « répondait par des attaques personnelles », a abondé son homologue Louis Aliot, compagnon de la candidate.
La principale intéressée assume cette tonalité, qui a « bousculé un peu les codes » mais était, selon elle, nécessaire pour « réveiller les Français ». Et la candidate du FN de moquer vendredi lors d’un déplacement en Bretagne, la « réaction de classe » des « élites », ces « marquis poudrés », jugeant avoir fait « exactement ce que le peuple français attendait ».
« Tombée dans le piège de Macron »
Mais, fait assez inhabituel, son avis est loin d’être unanimement partagé dans ses propres rangs. « On est tombés dans le piège de Macron. Marine Le Pen s’est ruée dedans », a jugé un frontiste du Sud-Est. « Ses attaques ad hominem, on ne fait pas ça, on était dans l’inutile. Elle avait un petit ton exaspérant. Elle jouait la mariole, la maligne, les gens n’aiment pas ça. »
« Elle a été bonne sur les fondamentaux évidemment – sécurité, immigration – mais le débat présidentiel n’est pas un débat comme un autre et Marine a été trop dans l’attaque », opine un patron de fédération.
D’autres soutiens sont encore plus sévères. « Très mauvaise », juge carrément un ténor du parti. « Les plus déterminés de ses supporters l’ont trouvée lamentable », glisse un ex-conseiller.
Le Pen : Monsieur Macron vous êtes complice de l'islamisme.
Macron : Non.
Le Pen : Ne m'interrompez pas je parle de mon projet. #2017LeDebat— 🐘 (@Ripisylve) May 3, 2017
Non membre, mais élu avec le soutien du Front national, le maire de Béziers Robert Ménard assume le ton du débat, mais relève des « approximations » sur la sortie de l’euro, à laquelle il est opposé. « Voilà. MLP catastrophique sur l’euro. Voilà », a tweeté pendant les échanges l’ancien patron du FNJ Julien Rochedy. « Sur l’euro, elle était incompréhensible. C’est pas au niveau, elle n’a répondu à rien », juge un frontiste.
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Silence relatif, en revanche, sur l’insinuation lancée par Marine Le Pen au sujet d?un prétendu « compte offshore » détenu par Emmanuel Macron « aux Bahamas ». L’ancien ministre a déposé plainte jeudi contre X pour « faux, usage de faux et propagation de fausses nouvelles destinées à influencer le scrutin ». Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire. Marine Le Pen a reconnu jeudi matin ne pas « avoir de preuve ».
La candidate du FN est repartie en campagne vendredi en Bretagne ou en Picardie. « Le premier objectif, c’est la victoire » mais « si on obtient 40% , ce serait déjà une énorme victoire », a jugé sa nièce Marion Maréchal Le Pen.