« La production de pétrole et de gaz est à l’arrêt dans deux régions du Sud en raison de mouvements sociaux », a déclaré vendredi la ministre de l’Energie, Hela Cheikhrouhou.
« L’arrêt s’est déroulé de manière progressive ces deux derniers mois » suite aux manifestations et sit-in réclamant emplois et développement à Tataouine et Kébili, a dit Mme Cheikhrouhou.
« Aujourd’hui nous sommes dans une situation où toute la production (de pétrole et de gaz) est pratiquement à l’arrêt », a-t-elle affirmé.
Depuis près de deux mois, des habitants de ces régions délaissées réclament une meilleure répartition des richesses et des recrutements prioritaires dans les sociétés pétrolières.
Le sit-in d’El-Kamour, site pétrolier situé à deux heures de route de Tataouine en plein désert, a dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre le mois dernier. Un manifestant a été tué par un véhicule de la gendarmerie, « accidentellement » selon les autorités, ce qui a provoqué une flambée de violences et des marches de solidarité.
Le 10 mai, le président Béji Caïd Essebsi a demandé aux militaires de protéger les sites de production des mouvements sociaux susceptibles d’empêcher leur exploitation. La Tunisie peine à relancer son économie, durement affectée par l’instabilité qui a suivi la révolution de 2011.
« L’arrêt de la production dans les gouvernorats de Tataouine et Kébili a des conséquences directes sur l’économie nationale et contribue à l’aggravation du déficit commercial », a mis en garde le ministère de l’Energie dans un communiqué, ajoutant que le secteur des carburants était dans une situation critique.
Selon Mme Cheikhrouhou, le manque à gagner engendré par l’arrêt de la production est de 24 millions de dinars par semaine (près de 9 millions d’euros).
« Des emplois pourraient être menacés si la crise se poursuit et le prix du carburant pourrait, lui », augmenter, a-t-elle ajouté.
Selon les chiffres officiels, la production de pétrole à Tataouine et Kébili représente environ 46% de la production nationale et 27% de celle du gaz.
« Nous ne sommes pas encore sortis de la période difficile, du chômage, d’un taux de croissance très modeste » mais « les indicateurs pour ce premier trimestre 2017 sont relativement positifs », a-t-il souligné.