François Clemenceau, rédacteur en chef au Journal du dimanche a livré une analyse de la situation en Tunisie, ce matin, sur Europe 1.
« Ne pas aider la Tunisie parce qu’il n’y aurait pas grand-chose à en tirer sur le plan commercial ou stratégique ça serait idiot, ça serait criminel car c’est le seul pays à être encore debout après l’expérience démocratique du printemps arabe. »
.@Frclemenceau évoque la visite de @EPhilippePM en Tunisie : pourquoi elle est indispensable ? #E1Bonjour pic.twitter.com/vU2Uv5Us02
— Europe 1 🎧🌍📻 (@Europe1) October 5, 2017
Le Premier ministre Édouard Philippe se rend aujourd’hui à Tunis pour y promouvoir les entreprises françaises et développer les échanges entre les deux pays, ce qui est vital pour stabiliser le pays dans la démocratie.
À Tunis pour coprésider la première réunion du haut Conseil de coopération entre la France et la Tunisie et marquer notre amitié. pic.twitter.com/6iPW0915Ij
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) October 5, 2017
Le Premier ministre Édouard Philippe arrive à Tunis alors que le procès des auteurs de l’attentat de Sousse du printemps 2015 vient d’être reporté pour la deuxième fois. Il y avait eu 38 morts et le tourisme a mis plus de 18 mois à s’en remettre. La démocratie et les menaces terroristes contre la démocratie, voilà ce que vit la Tunisie depuis sept ans.
Les autorités tunisiennes reprochent souvent aux Européens de ne pas en faire assez pour les aider à stabiliser le pays. Elles ont raison ?
C’est vrai que la démocratie tunisienne, vue de loin, parait brouillonne, en perpétuel débat, cinq premiers ministres en sept ans, avec beaucoup de difficultés à faire passer des réformes importantes. Or ce que les créanciers veulent, c’est des projets aboutis et des garanties de mise en œuvre pour pouvoir financer avec l’espoir que cela ne se fasse pas à fonds perdus.
Je suis venu avec une conviction – la Méditerranée est notre avenir – et un espoir, celui qu'incarne la République tunisienne depuis 2011. pic.twitter.com/Kk2yAeXGRQ
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) October 5, 2017
Édouard Philippe va rencontrer à Tunis 150 chefs d’entreprise françaises qui veulent investir dans cette démocratie courageuse où vient d’être votée l’interdiction de punir les femmes lorsqu’elles épousent des non-musulmans. Tout cela avec un gouvernement où le parti islamiste Ennadha détient trois ministères et à quelques kilomètres d’une Libye qui n’est toujours pas sortie du chaos et de la violence terroriste.
Autrement dit, il faut être indulgent avec la Tunisie ?
Il faut surtout être réaliste. C’est un petit pays qui ne compte pas beaucoup sur le plan commercial ou sur le plan stratégique mais énormément sur le plan de la morale diplomatique. Ne pas aider la Tunisie parce qu’il n’y aurait pas grand-chose à en tirer serait criminel car c’est le seul pays à être encore debout après l’expérience démocratique du printemps arabe.
Un officiel français qui sera du voyage aujourd’hui m’a dit avant de partir : « regardez d’où ils viennent, c’est une belle histoire, c’est un beau modèle qu’on a envie d’aider ». Mais pour les Tunisiens, c’est un défi permanent que d’être à la hauteur des espoirs qu’ils ont fait naitre chez eux.