Paris (Reuters) – Le gouvernement français a annoncé vendredi son intention de poursuivre en justice des entreprises soupçonnées d’avoir livré des centaines de tonnes de produits frauduleusement présentés comme des steaks hachés à des associations caritatives.
Les services de l’État ont été alertés le 28 mars par la Croix-Rouge, les Restos du Cœur, le Secours populaire français et la Fédération française des banques alimentaires sur la qualité médiocre de ces steaks hachés surgelés, livrés dans le cadre d’un marché financé par le Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD), a précisé le ministère de L’Économie.
L’analyse de prélèvements par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a révélé des défauts dans la composition de ces steaks hachés, notamment un excès de gras, et confirmé « une tromperie substantielle », ont déclaré les ministères de L’Économie, de la Santé et de l’Agriculture dans un communiqué.
Outre la qualité médiocre des composants utilisés, ces analyses ont également révélé la présence de soja et d’amidon, précise-t-on à la DGCCRF. L’enquête a par ailleurs permis d’établir que la société française chargée de fournir ces steaks s’approvisionnait en Pologne auprès d’une entreprise qui livrait directement les associations caritatives. Une autre société française servait d’intermédiaire avec l’entreprise polonaise.
Les dirigeants des deux entreprises françaises ont été interrogés et la France a alerté le 5 juin les autorités polonaises pour que l’enquête se poursuive en Pologne, notamment sur la société pourvoyeuse de ces steaks hachés. Les conclusions de l’enquête française seront transmises à la justice, a déclaré à RTL la secrétaire d’État auprès du ministre de L’Économie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher, selon qui les faits reprochés sont susceptibles d’être qualifiés de tromperie en bande organisée.
« C’est du pénal, on va jusqu’à deux ans de prison (et) plus d’un million d’euros d’amende », a-t-elle précisé. Selon Bercy, les lots en question font partie de 1.500 tonnes de steaks hachés surgelés achetées en 2018 pour 5,2 millions d’euros pour la campagne 2018-2019.
Les associations ont arrêté de les distribuer mais il leur en reste environ 800 tonnes dans leurs entrepôts frigorifiques, précise-t-on à Bercy, où l’on admet que les 700 autres tonnes ont déjà été distribuées.
« Les analyses microbiologiques conduites montrent qu’il n’y a pas de danger pour la santé des consommateurs », précisent cependant les trois ministères dans leur communiqué.
Les associations ont arrêté de payer la société française qui était chargée de fournir ces steaks. Celle-ci est cependant prête à reprendre les produits frauduleux et à fournir le même volume de denrées conformes aux normes, dit-on à la Direction générale du contrôle financier, autre service de Bercy.
La DGCCRF a pour sa part décidé d’élargir son enquête à d’autres produits pour voir si la fraude allait au-delà des steaks hachés.