Orange s’est engagé jeudi devant les investisseurs à accélérer le déploiement de la fibre en Europe, avec un engagement de service de qualité, un positionnement qu’il entend conjuguer avec une amélioration de sa rentabilité.
L’opérateur affirme ainsi ses ambitions au moment où Altice, maison-mère de SFR, est en proie aux turbulences et perd des parts de marché en France.
« Nos choix ont été les bons et nous ont permis de prendre de l’avance. Nous sommes les leaders en Europe en nombre de foyers raccordables et sommes le moteur du déploiement de la fibre en France », a dit le directeur financier d’Orange, Ramon Fernandez, aux journalistes à l’occasion de la journée investisseurs Orange à Londres.
Orange prévoit ainsi d’atteindre les 20 millions de foyers raccordables à la fibre en France en 2021, « soit un an avant notre objectif initial », a-t-il ajouté.
L’opérateur a également de grosses ambitions avec les collectivités puisqu’il entend déployer 30% des réseaux d’initiative publique (RIP) en cours d’attribution, « un objectif plus ambitieux que précédemment », a insisté M. Fernandez.
Les RIP, qui reposent sur un partenariat privé-public, prévoient le déploiement de la fibre optique, sous la direction des collectivités territoriales, dans les zones les moins denses du territoire
« Nous avons assuré à ce jour 70% de la construction. Nous comptons conserver ce leadership », a ajouté Ramon Fernandez.
Cette situation est dénoncée par son concurrent SFR, qui demande depuis de longs mois une renégociation du déploiement dans les zones moyennement denses afin d’obtenir une répartition plus équilibrée.
Les trois concurrents d’Orange en France alertent sur un possible retour du monopole de l’opérateur sur les infrastructures, du fait de son avance prise dans le déploiement de la fibre.
Le directeur financier reconnaît que le déploiement de la fibre a permis à Orange de regagner des parts de marché sur le fixe.
« Nous regagnons 13 points de part de marché sur un immeuble fibré par rapport à un immeuble qui ne l’est pas », a précisé Ramon Fernandez.
Une stratégie payante pour l’opérateur historique sur le marché de gros, sur lequel il a annoncé reporter le pic de ses revenus à 2020, contre 2018 attendu jusqu’ici, grâce en particulier au déploiement de la fibre en France.
L’opérateur espère, dans le même temps, atteindre en France, à long terme, un revenu moyen par abonné (ARPU) sur la fibre supérieur de 8 euros à l’ARPU sur l’ADSL, contre 6,2 euros actuellement.
Droits: pas de surenchère
Conséquence du renforcement de ses positions, il annonce une croissance de son Ebitda (excédent brut d’exploitation) ajusté de 2% en 2017, qui était simplement attendu en croissance jusqu’ici, puis une accélération en 2018.
Le groupe anticipe également une stabilité de son ratio dette/Ebitda ajusté à 2 fois et s’attend à atteindre un pic d’investissement en 2018, à 7,4 milliards d’euros.
Le groupe envisage parallèlement 2 milliards d’euros d’économies à l’horizon 2020, qui se répartiront de manière égale sur son fonctionnement opérationnel et sur les investissements.
« Concernant les investissements, notre volonté est de baisser le coût unitaire de 15%, soit 1 milliard d’euros d’ici 2020, qui seront réinvestis afin de conserver notre avance dans les réseaux », a détaillé le directeur financier du groupe.
Au moment où SFR mise sur ses contenus sportifs, Orange garde un positionnement médian en continuant de miser sur des partenariats avec des fournisseurs de contenus comme Canal+ ou HBO.
« Orange continuera à offrir les meilleurs contenus avec un positionnement d’agrégateur-distributeur, sans alimenter la surenchère sur les montants des droits », indique t-il.
Interrogé par ailleurs sur un intérêt pour l’acquisition de droits sportifs de Ligue 1, le directeur financier du groupe a confirmé que l’opérateur ne « sera pas dans le processus d’acquisition directement mais nous serons dans le paysage ».
Sur le plan des acquisitions, Orange, qui s’est renforcé ces deux dernières années en Espagne avec le rachat de Jazztel et s’est implanté sur trois nouveaux pays africains, le Sierra Leone, le Burkina Faso et le Liberia, n’envisage pas « d’augmenter son empreinte à l’avenir ».