Vox: Sans surprise, la candidature de Youssef Chahed arrive après les conciliabules nahdhaouis. Une synchronisation évidente que vient confirmer, malgré les nombreux démentis, la teneur de son discours devant son public. Beaucoup de « Je », et pas la moindre trace d’une stratégie politique globale pour son parti malgré l’entremêlement des élections présidentielles et législatives.
En effet, une candidature sérieuse aux présidentielles ne peut se concevoir que dans le cadre d’une vision pour la fonction présidentielle et pour un poids parlementaire maximal (qui sera mis à profit au sein de la majorité ou de l’opposition).
L’absence de la moindre énonciation des défis parlementaires (ni de leur pendant, le défi de la chefferie et de la composition du gouvernement), à laquelle se rajoute l’objectif exprimé pour l’hypothétique « président Youssef » d’œuvrer pour une « réconciliation de tous les Tunisiens autour d’un projet qu’il qualifie de national », accentue l’impression d’une victoire, une seule, à mettre à son crédit : Celle d’avoir résisté à Ennahdha en gardant son poste de chef de gouvernement en dépit de sa candidature à la présidentielle.
Ce n’est pas moi qui le dit, c’est lui même, dans son discours, le jour de son investiture. Oui, il a gagné sa bataille, on l’en félicite. C’est la bataille de l’éternel compromis avec ceux qui continuent à faire le jour et la nuit en politique malgré leurs difficultés patentes, qu’elles soient intrinsèques ou d’origine géopolitique.
Il est clair que Y Chahed n’est pas l’oiseau rare recherché par Rached Ghannouchi, car s’il l’avait été, Ennahdha n’aurait jamais franchi la ligne en exposant son candidat et encore moins en le prenant parmi les siens. Le pourquoi reste une question à débattre.
Youssef Chahed est la main tendue (bien extravertie du coup) vers ses partenaires, ses alliés de demain si leurs comptes s’avèrent justes. Aux politiques d’annoncer leurs lignes rouges et leurs défis. À nous, électeurs, de démentir le fait que le tawafok avec Ennahdha est le nouvel ordre « naturel des choses ».
Par Selma Mabrouk