Une terre non arrosée et cultivée devient à la longue aride, infertile. Des fruits « incueillis » par les propriétaires légitimes pourrissent ou seront à la merci de voleurs d’occasion. La Tunisie a tellement été malmenée qu’elle s’abandonne enfin au profit de ses bourreaux, et aux desseins qu’ils lui réservent.
La Tunisie, qui n’en peut plus, a, cependant, sa façon de survivre en dépit de toutes les trahisons. Une mère nourrit et aime même les enfants qui la délaissent. Et puisqu’elle n’est que don, il arrive que des usurpateurs de passage en profitent.
Venons-en à l’actualité, qui ne s’est pas mis à la place de tous les démunis, et, en l’occurrence, des jeunes de Tataouine depuis le début de leur révolte ? Grâce à eux, j’ai compris le sens de « l’empathie » de tout un peuple. Nous avons tous crié : « Je suis Tataouine ! »
Avant-hier, les « révoltés » du Kamour ont claqué la porte des négociations. J’ai été amer. Pour une fois, ma sympathie vis-à-vis d’eux s’est atténuée. Pour une fois, j’ai vu un ministre « désolant ». Pour une fois, j’ai voulu croire en sa « bonne foi ».
Une chose est certaine : Quelle que soit la légitimité des revendications, on ne doit en aucun cas prendre les ressources de son propre pays en otage. Il en va de même pour le bassin minier de Gafsa et les villes voisines.
Il s’agit là de l’effondrement de la sécurité économique de tout un peuple, et les ‘révoltés’ seront, hélas, les premières victimes. Ne le savent-ils pas? Un dicton tunisien dit : « Celui qui a patienté longtemps, peut encore le faire un peu plus de temps ».
إلّي اصْبرْ يا سرْ يُصْبرْ الشّْوَيْ
Bloquer donc la production des richesses est criminel. Il en va de notre souveraineté nationale. L’État doit se montrer fort et promettre une justice exemplaire dans les brefs délais. Un État fort est celui qui agit fermement pour permettre à l’économie de fonctionner sans entraves. Un État fort est fiable lorsqu’il est aussi « Juste ».
Hichem Mechichi arrive au moment propice, au moment du ras-le-bol généralisé. Donnons le temps à son gouvernement de démarrer dans le sens de l’équité sociale. Je parie que cette fois-ci, une ultime chance se donne.
Les jeunes qui ont coupé court aux discussions ont déçu par ce geste. Je soupçonne la marque de desseins sales, et derrière cette décision, je détecte les mains de ceux qui veulent accélérer le pourrissement de la situation. Il y a, donc, hélas, des politicards qui aiguisent la flamme incendiaire. Tout le monde les connaît.
Abandonner son sort au destin est l’état d’un « patient » dont le mal est incurable. Ce mal s’appelle « fatalisme » ; ce mal s’appelle « lâcheté » ; ce mal s’appelle « manque de vigilance ». Serait-il plutôt obstinément opportuniste pour certains ?
N’abandonnons pas ce pays. Rachetons-nous à temps. Peut-on avoir confiance en Hichem Mechichi ? Oui, pour beaucoup. Faisons en sorte d’avoir raison cette fois-ci. Montrons-lui qu’il n’est pas ‘élu’ par un président mais par un peuple.
Sortons dans la rue pour le lui dire. N’oublions pas que son itinéraire de prise de hautes fonctions est sans taches. N’oublions pas que c’est un fils de cheminots.
Si la Tunisie est exceptionnelle, Faisons-en un miracle !
Par Abdennebi Ben Beya