Tunis – Le secrétaire général adjoint de la Fédération générale de l’électricité et du gaz (UGTT), Mongi Khélifa, a déploré l’aggravation sans précédent de la situation de la STEG, qu’il a qualifiée de critique, d’autant plus que la société a carrément « mangé son capital », estimé à 6 milliards de dinars.
Khalifa a, en outre, pointé le déficit accablant de la STEG qui s’endette pour payer les intérêts de ses crédits bancaires et non pas pour investir. Il a considéré que la société est en état de « mort clinique », dénonçant la défaillance de sa direction générale qui a été incapable d’apporter les solutions à la crise de la STEG. Il a révélé que le crédit dernièrement conclu entre la STEG et la Société islamique internationale de financement du Commerce (SIFC), filiale de la Banque islamique de développement (BID) a été contracté à un taux excessif. Il est destiné à payer les factures de la société pétrolière algérienne Sonatrach, la société SHELL Tunisie et bien d’autres encore.
Il a aussi, évoqué l’existence d’un accord datant de 2015, avec l’autorité de tutelle et le gouvernement et qui engage ce dernier à intervenir d’urgence pour sauver la STEG et payer ses dettes afin d’alléger son déficit. Le syndicaliste a estimé, à ce propos, que « l’Etat a failli à ses devoirs à cet égard….Suite aux directives du Fonds Monétaire International, l’Etat est en train de délaisser progressivement la STEG et les sociétés publiques, dans le cadre d’une démarche visant à les préparer à la privatisation ».
Le responsable a présenté un document dévoilant la situation de la trésorerie de la STEG qui affiche un déficit de l’ordre de 1381 millions de dinars (MD), jusqu’à fin septembre 2018, et des paiements en suspens des factures qui doivent être honorées, notamment auprès de l’ETAP (430 MD) et de la société Shell (268 MD). Ce même document a fait état, aussi, des crédits à court terme contractés en dollars par la STEG auprès de la BH (60 millions de dollars, soit l’équivalent de 165 MD), de l’ATB (50 millions de dollars- 140 MD) et de l’UIB (20 millions de dollars- 55 MD).
Khalifa s’est étonné du silence du gouvernement, qui n’a pas réagi au non remboursement par les entreprises publiques, de leurs créances auprès de la STEG, lesquelles s’élèvent à environ 700 MD, alors que le paiement de ce montant aurait apporté une véritable bouffée d’oxygène à la Société.
D’un autre côté, le syndicaliste a fait savoir que le prix de vente d’un kWh d’électricité appliqué par la STEG (205 millimes) est de loin, inférieur au coût de production (270 millimes), ce qui engendre un déficit variant entre 54 et 60 millimes/ kWh. Dans ce contexte, il a rappelé que la Société n’intervient pas dans la fixation de ses marges de bénéfice.
Et de relever que « la dépréciation de la valeur du dinar coûte à la STEG, une perte supplémentaire de 1 200 MD, surtout avec le renchérissement des prix internationaux des hydrocarbures ». A ce propos, Khélifa a critiqué « le refus de la BCT d’aider la STEG à obtenir des devises pour l’achat des hydrocarbures. Lorsque la société se tourne vers les banques commerciales, elle ne bénéficie d’aucun privilège et doit acheter les devises au prix du marché ».
Et de poursuivre avec emportement, «le gouvernement actuel doit assumer ses responsabilités dans la situation dans laquelle se trouve la STEG aujourd’hui », soulignant que « les gouvernements successifs auraient du adopter une politique de sauvetage progressive de la société, au lieu d’injecter de sommes considérables pour aider les banques publiques ».
« La STEG, qui a assuré l’électrification de 99% du territoire tunisien et qui a contribué à l’édification de l’Etat moderne grâce à ses compétences, est, actuellement, en voie de faillite. Ses chèques ne sont plus payables et ses comptes bancaires sont presque vides », a noté Khélifa, exprimant sa crainte d’arriver à un point où la société ne sera pas en mesure de verser les salaires de ses agents.