Tunis, 22 février (Avec Xinhua) – La décision, de la Banque centrale de Tunisie de relever son taux directeur de 100 points de base (pour le porter à 7,75% par an) a été très critiquée par des partenaires socio-économiques notamment les deux centrales patronale (Union tunisienne de l’industrie, du Commerce et de l’Artisanat, UTICA) et syndicale (Union Générale Tunisienne du Travail, UGTT), ont fait remarquer des observateurs locaux.
Dans un communiqué publié mercredi, l’UTICA a qualifié cette décision de « pire mesure » à retombées « très négatives sur le rythme d’investissement ». « Cette hausse augmentera le coût de financement pour les entreprises du fait qu’elle entraînera un accroissement de 15% du coût des crédits, qui vient s’ajouter à d’autres hausses antérieures », a réagi la centrale des patronats.
L’UTICA rappelle qu’il s’agit de la troisième augmentation du taux directeur en moins d’une année et demie : « ce nouveau taux empêchera également les entreprises de remplir leurs engagements envers les institutions bancaires et financières et alourdira davantage leurs charges financières ». « Cette mesure, insiste l’UTICA, ne constitue pas une solution aux problèmes de l’économie nationale (…) elle constitue plutôt une fuite vers l’avant et loin d’être une quête de solutions sérieuses et efficaces pour résoudre ces problématiques ».
Le responsable des relations avec les médias de la centrale ouvrière (UGTT), Ghassen Kssibi rejette la mesure annoncée par la Banque Centrale de Tunisie d’augmenter son taux directeur de 100 points de base. D’après M. Ksibi, la centrale syndicale considère que le fait de « priver les fonctionnaires et les ouvriers – de la sorte – de leurs acquis suite aux augmentations salariales demeure inacceptable (…) et porter préjudice aux prêts de logement et de la construction accordés aux employés reste une ligne rouge à ne pas franchir ».
Pour l’ensemble de ces intervenants, les décideurs en matière de politique financière et monétaire doivent, en priorité, trouver des solutions pour la détérioration du dinar, maîtriser le taux d’inflation, qui pèse lourd sur l’entreprise et lutter contre l’amplification des phénomènes du commerce parallèle et de la contrebande.
Du côté de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), son gouverneur, Marouen Abassi, a déclaré mercredi que le taux d’inflation en Tunisie passerait à moins de 7% à la fin de l’année 2019 (soit entre 6,8 et 6,9%) et ce, comme étant une résultante de la hausse de 100 points de base du taux directeur de la BCT.
« Si cette mesure n’était pas prise, le taux d’inflation en Tunisie serait, certes, à deux chiffres », a expliqué M. Abbassi lors d’une conférence de presse à Tunis pour éclairer sur la décision du conseil d’administration de la BCT. Pour rappel, l’augmentation du taux directeur est la troisième consécutive : la première, le 8 mars 2018, le taux a augmenté de 75 points de base (de 5% à 5,75%), et la deuxième, le 13 juin 2018, de 5,75% à 6,75%.
Reçu mercredi au palais présidentiel de Carthage (banlieue nord de Tunis), le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi a confirmé avoir discuté avec le chef d’Etat tunisien, Béji Caïd Essebsi. L’entretien, a-t-on appris auprès de la présidence tunisienne, a porté sur des questions sociales ainsi que sur les impacts de la toute récente décision de la BCT d’augmenter son taux directeur.