Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a annoncé lundi la fin du consensus avec le Mouvement Ennahdha.
« Il n’y aura plus désormais de consensus entre Caïd Essebsi et Ennahdha ». Il s’agit là d’un choix du Mouvement Ennahdha, a-t-il tenu à préciser lors d’une interview qu’il a accordée à la chaîne de télévision privée « Al-Hiwar Attounsi ».
« Après cinq ans de consensus depuis la rencontre de Paris, le Mouvement Ennahdha a décidé la semaine dernière de mettre fin au consensus, à sa demande », a-t-il encore souligné.
« Ma relation avec Ennahdha a été interrompue à l’initiative de ce mouvement qui a choisi de changer de camp. J’ai discuté avec Rached Ghannouchi. Nous ne sommes plus d’accord », a-t-il expliqué. « Si Chahed et Hafedh quittent leur poste, le pays n’en souffrirait pas! »
« Depuis la semaine dernière, nous avons décidé de nous séparer, à la demande de Ennahdha », a souligné M. Caïd Essebsi, qui s’exprimait alors que l’appareil étatique est paralysé depuis des mois par une lutte fratricide au sein de son parti.
Cette formation, Nidaa Tounès, qu’il a fondée en 2012 comme un front contre les islamistes, avait fini par faire alliance avec Ennahdha au lendemain des élections législatives de 2014. Elle est affaiblie par une lutte de pouvoir entre le Premier ministre Youssef Chahed et le fils du président, Hafedh Caïd Essebsi.
Des désaccords récents entre M. Caïd Essebsi, 92 ans, et Ennahdha ont porté sur le soutien que ce dernier apporte à M. Chahed, et sur un projet de loi soutenu par le président visant à instaurer une égalité entre hommes et femmes en matière d’héritage.
Ennahdha « veut poursuivre l’accord avec le gouvernement dirigé par Youssef Chahed… Les relations entre Beji Caïd Essebsi et Ennahdha sont coupées », a poursuivi le président.
« Ennahdha a choisi un autre chemin, j’espère que ce sera un chemin réussi, mais je ne le pense pas », a-t-il ajouté.
« Personne n’est valable pour tous les temps et tous les lieux », a-t-il déclaré, évoquant un départ à la fois de M. Chahed et de son propre fils, sans prendre position pour l’un ou l’autre.
Le conflit politique actuel inquiète les observateurs, qui craignent qu’il entrave l’organisation des prochaines élections et les efforts urgents nécessaires pour faire face à une profonde crise sociale.