Lampedusa, Italie (Reuters) – Les autorités italiennes ont procédé samedi matin à l’arrestation de la capitaine du navire humanitaire de l’ONG allemande Sea-Watch, Carola Rackete, pour avoir amarré le navire transportant des migrants dans le port de l’île de Lampedusa en dépit du refus du gouvernement italien.
Le navire, sous pavillon néerlandais, était bloqué dans les eaux internationales depuis plus de deux semaines après avoir récupéré 53 migrants au large des côtes libyennes. Onze migrants avaient été remis aux gardes-côtes italiens pour des raisons médicales. Les 42 migrants encore présents à bord du navire ont été autorisés à débarquer samedi en fin de matinée et ont été conduits dans un centre d’accueil à Lampedusa.
Carola Rackete, âgée de 31 ans, a décidé de passer outre au blocus décrété par les autorités italiennes et de prendre la direction de l’île de Lampedusa, faisant valoir que la situation à bord est « plus désespérée que jamais ». La jeune femme a été arrêtée pour « résistance à un bateau militaire », une accusation qui selon la presse locale est passible de dix années d’emprisonnement.
Sur des images de télévision, on pouvait voir le navire arriver au port de Lampedusa aux premières heures de la journée de samedi. Un important dispositif policier était en place. À Osaka, au Japon, où il prenait part au sommet du G20, le président du Conseil italien Giuseppe Conte a déclaré qu’il appartenait maintenant à la justice italienne de décider si des charges criminelles devaient être retenues contre Carola Rackete.
« Mission accomplie », se félicite Salivini
Le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, chef de file de la Ligue (extrême droite), avait déclaré que le navire serait seulement autorisé à amarrer en Italie quand d’autres pays de l’Union européenne auraient accepté de prendre immédiatement en charge les migrants se trouvant à son bord. « Hors-la-loi arrêtée. Bateau pirate saisi. Grosse amende pour une ONG étrangère. Tous les migrants répartis dans d’autres pays européens. Mission accomplie », a écrit Salvini sur son compte Twitter.
Le vice-président du Conseil n’a pas fourni les noms des pays d’accueil mais selon la presse italienne il s’agit de la France, de l’Allemagne, du Luxembourg, de la Finlande et du Portugal. En vertu d’un décret pris en juin, le ministère italien de l’Intérieur a le pouvoir d’interdire les eaux italiennes à tout navire qu’il estime représenter une menace pour la sécurité et l’ordre public.
« Les choses vont devoir changer : soit l’Europe se réveille, soit nous allons la réveiller », a tempêté l’autre vice-président du Conseil et chef de file du Mouvement 5-Etoiles, Luigi di Maio, en accusant les partenaires de l’Italie de manquer de solidarité. Le ministre français de l’Intérieur, Christophe Castaner, a dénoncé samedi dans un communiqué une « violation du droit international de la mer » et souligné qu’il était selon lui « faux de dire que l’UE ne s’est pas montrée solidaire ».
Ainsi La France, a-t-il précisé, est prête à accueillir sans délai « dix personnes en besoin de protection » parmi les occupants du Sea-Watch III. Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, a rappelé de son côté que le sauvetage de vies en mer était une obligation humanitaire et qu’un telle activité ne constituait en rien un crime.
« Il appartient à la justice italienne d’abandonner au plus vite ces accusations », a-t-il ajouté sur Twitter.