Revenant sur son choix du mois dernier, Twitter a finalement décidé jeudi de suspendre définitivement les comptes du complotiste américain d’extrême-droite Alex Jones, une décision qui pourrait apporter de l’eau au moulin du président Donald Trump, qui accuse les réseaux sociaux de bâillonner les voix conservatrices.
Après les auditions de son CEO, Jack Dorsey, devant le Congrès, #Twitter s'aligne sur #Facebook et les autres et supprime les comptes de l'activiste d'ultra-droite Alex Jones, soulevant des questions sur la liberté d'expression
➡️ https://t.co/uY8EBZMOWk #Infowars #AlexJones pic.twitter.com/3hBsu1NoEh— ZZPROJECTNEWS (@zzprojectnews) September 7, 2018
Fondateur d’InfoWars, un site internet dont le compte Twitter est également clôturé, Alex Jones est une personnalité médiatique affiliée à l’extrême-droite, devenue une célébrité à la faveur de ses propos et théories conspirationnistes, sur une tuerie dans une école primaire en 2012 ou le 11-Septembre.
🐦 Alex Jones et son site Infowars sont à l'origine de la diffusion de nombreuses fake news https://t.co/EuZ4bp67iU
— Figaro Live (@Figaro_Live) September 7, 2018
« Aujourd’hui (jeudi), nous avons suspendu définitivement @realalexjones et @infowars de Twitter et Periscope », une application de vidéo détenue par le groupe, a indiqué le réseau social. « Nous avons pris cette décision sur la base de nouvelles informations sur des tweets et des vidéos postés hier (mercredi) qui violent notre politique de comportement abusif, après des violations passées de ces comptes », a-t-il ajouté.
La voix du #complotiste américain Alex Jones étouffée par les géants d’Internet https://t.co/dph9F4mn9I #AlexJones #GAFA pic.twitter.com/bhDH75PIMB
— Courrier inter (@courrierinter) September 8, 2018
Cette décision ne devrait pas manquer de susciter la colère du président républicain Donald Trump, qui a déjà affiché sa sympathie pour Alex Jones et a récemment dénoncé une « censure » des idées conservatrices sur les réseaux sociaux.
Twitter décide de bannir définitivement les comptes du complotiste américain Alex Jones https://t.co/4iZoLlSovw pic.twitter.com/FIrNVYyjwa
— les inrocks (@lesinrocks) September 7, 2018
Elle intervient qui plus est au lendemain de l’annonce par l’administration américaine qu’elle allait se pencher sur une éventuelle violation de la liberté d’expression par les grands réseaux sociaux, accusés de museler les voix conservatrices au profit des opinions progressistes, avec Twitter, Facebook ou Google en particulier dans le viseur.
Infowars : Apple retire l'app d'Alex Jones de l'App Store https://t.co/5lvSq0rg5A pic.twitter.com/teDtWu2ICG
— MacGeneration (@MacGeneration) September 8, 2018
Ce thème était même au centre d’une audition, mercredi également, par les parlementaires américains du patron de Twitter Jack Dorsey. M. Dorsey a, à cette occasion, fermement assuré que les décisions de Twitter n’étaient pas mues par des motivations politiques. Le fondateur du service de micro-messages avait aussi été entendu, aux côtés de la numéro deux de Facebook Sheryl Sandberg, lors d’une autre audition, toujours au Congrès mercredi sur les soupçons de manipulation politique étrangère via les réseaux sociaux.
Alex Jones était présent au Congrès mercredi pour assister à ces auditions et a pris la parole dans les couloirs. Il avait ensuite posté des vidéos sur Twitter, notamment lorsqu’il insultait un journaliste.
Twitter décide finalement de bannir Alex Jones, un complotiste américain d'extrême-droite https://t.co/OeRYd5fJ63 pic.twitter.com/oyCsvqLdTw
— Paris2015 (MATRICULE 2709) (@paris_2015) September 7, 2018
Réagissant jeudi sur son site InfoWars à sa suspension, Alex Jones a affirmé: « J’ai été suspendu non pas parce que nous mentons mais parce que nous disons la vérité », ajoutant que c’est cet incident avec un journaliste qui a dû entraîner la décision de Twitter.
Entre deux feux
Twitter revient donc sur son choix, début août, de ne pas suspendre Alex Jones. Cette décision avait fait polémique, d’autant qu’Apple, YouTube (Google), Spotify et Facebook avaient, eux, suspendu les comptes du conspirationniste, accusé d’avoir tenu un discours « haineux » et enfreint les règlements de ces plateformes.
Très critiqué pour son refus de suspendre M. Jones, le PDG Jack Dorsey était alors lui même monté au créneau via des messages sur son réseau pour se justifier. Il avait défendu son choix, au nom du « débat public et parce qu’il n’a pas enfreint (nos) règles ».
Twitter avait néanmoins décidé mi-août de bloquer le compte d’Alex Jones mais de façon temporaire, pendant une semaine.
Les réseaux sociaux sont régulièrement critiqués pour la gestion de leurs contenus et le choix de suspendre ou non certains comptes ou pages. Pris entre deux feux, il sont à la fois accusés de censure ou de laxisme quand ils refusent d’expurger certains contenus problématiques ou en tardant à le faire.
Basé au Texas, Alex Jones, 44 ans, la voix rauque, est devenu une célébrité de l’extrême-droite américaine en prétendant que la fusillade de Sandy Hook, à Newton (Connecticut, est) qui avait fait 26 morts dont 20 enfants dans une école était une mise en scène.
Parmi ses autres théories conspirationnistes, les attaques du 11-Septembre commanditées par le gouvernement américain ou la rumeur du « pizzagate », mêlant réseau pédophile supposé, pizzeria à Washington et milieu démocrate lors de la campagne présidentielle en 2016.
Pendant sa campagne, Donald Trump avait accordé une interview à Alex Jones, au cours de laquelle le futur locataire de la Maison Blanche avait flatté son intervieweur, lui disant notamment : « Votre réputation est extraordinaire, je ne vous laisserai pas tomber ».