Tunis — Suite à la décision du Ministre des Affaires Culturelles de démettre de ses fonctions Madame la Directrice Générale du CNCI, et suite à la vague de réactions et d’indignations condamnant, et la décision et sa manière, et appelant le Ministre à y renoncer, il nous importe de faire part de notre point de vue tant à nos partenaires du secteur cinématographique et culturel qu’à nos partenaires du secteur public.
D’abord nous ne pouvons manquer de rappeler, les qualités intrinsèques de Mme Chiraz Laatiri Cherif, tant humaines que professionnelles, qualités qui nous ont permis malgré nos différences profondes sur certaines priorités et certains choix de développer une relation de travail forte et productive ayant permis au CNCI d’enrichir de façon structurante et pérenne ses outils de travail.
Affaire Chiraz Laatiri : Le torchon brûle entre le Syndicat et le Ministre de la Culture pic.twitter.com/8VGyTSS2LZ
— Tunis Tribune (@tunistribune) December 2, 2019
Le sens de l’innovation de Madame Cherif, son courage à évoluer en dehors des sentiers battus, sa capacité à mener à terme les décisions prises, son aptitude à motiver le personnel du CNCI et à renforcer son sentiment d’appartenance et ses devoirs envers le secteur du cinéma sont louables et étaient tant attendus d’un dirigeant à la tête du CNCI. La décision du Ministre est critiquable, sa manière d’autant plus. Cette manière qui témoigne et qui trahit un profil de ministre auquel nous ne souhaitons plus avoir à faire.
Ce ministre qui a tant manqué à ses devoirs les plus élémentaires de respect envers les cadres les plus sérieux du ministère en écartant systématiquement, sans préavis ni état d’âme, toute personne qui se hasardait à dire les choses vraies et contraires à ses plans. Nous nous retrouvons aujourd’hui face à un ministre entourée d’une cour de béni oui-oui, mettant à exécution son bon vouloir et entravant tout bon fonctionnement du ministère et toute aspiration de réforme.
Nous condamnons l’attitude de ce Ministre, dont le départ imminent devrait être avancé aux vus des dégradations qu’il continue de causer au ministère et au secteur cinématographique. Il nous a causé bien plus de tort que n’importe quelle crise majeure que nous avons vécu ou n’importe quelles menaces politiques ou idéologiques auxquelles nous continuons à faire face. Ce ministre a réussi à nous faire régresser, obligés que nous sommes aujourd’hui à devoir réagir, et traiter de la sorte, un ministre et un ministère de l’Etat.
Il est amer de constater que Monsieur Mohamed Zinelabidine, Ministre de la Culture, soit une honte pour la république d’aujourd’hui. Il nous a fallu du temps pour le reconnaitre et le dénoncer. Du temps que nous avons hélas gâché à espérer le mieux de sa part obnubilés que nous étions par les réunions de travail, de concertation, de conciliation, par les projets de réforme déposés, réécrits, et redéposés sur plus de deux ans, par les décisions prises en réunion et restées sans suites ni effets, par les relances écrites ou signifiées à l’occasion de telle ou telle autre rencontre…mais qui ont tous fini par nous mener à cette conclusion, ce ministre est un opportuniste, un lâche et un hâbleur et aucune de ces « compétences » n’est utile à un pays ou une société, et aucun secteur ne peut résister à leurs effets dévastateurs. Il est temps que cela cesse.
Nous ne pouvons développer notre secteur et épanouir notre culture dans de telles conditions. Nous appelons le gouvernement actuel à mettre un terme aux fonctions de l’actuel ministre, c’est une urgence, bien qu’il soit sur le départ. Nous appelons aussi Monsieur le Chef du Gouvernement désigné à faire le meilleur choix pour ce poste. Nous souhaitons voir dans le profil du prochain ministre de la culture, un homme ou une femme de convictions, d’effort, de visions, de dialogue et de concertation. Une femme ou un homme de valeurs et d’action, intègre et capable de réunir les talents et les compétences et de regrouper autour de projets ambitieux et audacieux pour la culture.
Nous souhaitons avoir un ministre fier(e) et rassuré(e) de voir autour de lui (elle) de hauts représentants de l’administration capable de dire non quand il faut, et suffisamment en confiance pour qu’ils puissent prendre des initiatives en sa présence et proposer des solutions autres que les siennes. Nous ne pouvons plus nous permettre des ministres complexés, aigris, faibles et paranoïaques voyant en chaque initiative une menace, en chaque action un complot.
Nous appelons Mesdames et Messieurs les membres de l’ARP à tenir compte de cela, votre première décision de députés portant sur la composition du prochain gouvernement sera votre décision la plus cruciale tant elle aura de conséquences sur la suite des évènements.
Pour finir nous rappelons et insistons que la culture est tout aussi une industrie, créatrice d’emplois et génératrice de richesses. Nous sommes des acteurs économiques de premier ordre, entraver notre activité c’est aussi miner notre économie, nos emplois, nos savoir-faire, et c’est nous condamner à la récession et à l’anéantissement.
Nous ne permettrons plus cela, la crise est déjà profondément ancrée, nous ne tolérerons plus les approximations et les hésitations, nous avons besoin d’un gouvernement fort et d’un ministère de la culture plus fort, et Il ne peut l’être que grâce à l’aide de structures toutes aussi fortes sinon plus comme le CNCI.
Le vide institutionnel crée doit cesser sans délai. De ce fait, nous appelons les autorités concernées à procéder, sans délais, à la nomination d’un directeur général à la tête du CNCI.
Un Directeur Général dont le profil corresponde à ce qui devrait être maintenant une norme à savoir, l’intégrité, la compétence, l’indépendance, l’ouverture au dialogue et au travail avec les partenaires et les représentants du secteur, la capacité à gérer dans la contrainte et sous la pression des exigences et des urgences du secteur, la capacité d’innovation et d’ouverture sur le monde, la conviction du maintien et du développement de l’ancrage du financement et de la circulation du cinéma tunisien dans une dynamique régionale et mondiale.
Nous souhaitons avoir un directeur général maitrisant les rouages de l’administration, capable d’assimiler les dossiers en cours et les enjeux, respectueux des lois et fort face à toutes les tentations et les provocations d’un secteur en convalescence mais encore mal en point.
Finalement, nous appelons nos confrères et nos partenaires à rester unis et vigilants autours des intérêts du secteur et de maintenir le dialogue et la concertation. Nous avons su surmonter d’autres crises, nous surmonterons celle-là dans l’intérêt général du secteur et du cinéma national.
Par Communiqué