Hanau, Allemagne (Reuters) – Neuf personnes ont été tuées dans la nuit de mercredi à jeudi en Allemagne dans une double fusillade visant des bars à chicha de Hanau, près de Francfort, dont l’auteur, retrouvé mort à son domicile, est un extrémiste de droite présumé. Le parquet fédéral de Karlsruhe, habilité à traiter les affaires terroristes, s’est saisi de l’enquête en évoquant « des indices d’un arrière-plan d’extrême droite. »
“Racism is a poison. Hatred is a poison. And this poison exists in our society and it is to blame for far too many crimes.” German Chancellor Angela Merkel condemns deadly shooting in Hanau https://t.co/EjlzkHNifM pic.twitter.com/Tu4R2AHbG6
— TIME (@TIME) February 20, 2020
Selon Peter Beuth, ministre de l’Intérieur du land de Hesse, où se trouve Hanau, il s’agit bien d’un acte xénophobe. « Le racisme est un poison, la haine est un poison, et ce poison existe dans la société et il est responsable de trop de crimes », a déclaré la chancelière Angela Merkel devant la presse.
« Une immense tristesse et mon plein soutien à l’Allemagne face à cette attaque tragique. Nos pensées vont aux victimes et aux familles en deuil. Je suis aux côtés de la Chancelière Merkel dans ce combat pour nos valeurs et la protection de nos démocraties », a tweeté le président français Emmanuel Macron. Après la deuxième fusillade, les policiers ont pris en chasse la voiture du tireur, qui les a conduits à une adresse, qui s’est révélé être son domicile, où son corps a été retrouvé ainsi que celui de sa mère de 72 ans, a précisé Peter Beuth.
Une immense tristesse et mon plein soutien à l’Allemagne face à cette attaque tragique. Nos pensées vont aux victimes et aux familles en deuil. Je suis aux côtés de la Chancelière Merkel dans ce combat pour nos valeurs et la protection de nos démocraties.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 20, 2020
Le tireur lui-même était âgé de 43 ans et titulaire d’une licence de tir sportif, a-t-il précisé. « A ce stade, rien n’indique qu’il y ait d’autres auteurs », ajoute la police.
Des Kurdes parmi les victimes
Selon le quotidien Bild, le suspect est un citoyen allemand. Des munitions et des revues spécialisées sur les armes à feu ont été retrouvées dans son véhicule, rapporte le quotidien. Il a par ailleurs laissé une lettre dans laquelle il exprime des positions d’extrême droite ainsi qu’une vidéo dans laquelle il revendique la responsabilité des deux fusillades, ajoute Bild, ce que les autorités n’ont pas confirmé.
Plusieurs victimes étaient d’origine turque, a fait savoir la présidence turque. « Nous espérons que les autorités allemandes feront tout leur possible pour faire la lumière sur cette affaire. Le racisme est un cancer généralisé », écrit son porte-parole sur Twitter. « Nous sommes tristes car (…) parmi les victimes figurent plusieurs victimes d’origine kurde », a déclaré de son côté la Confédération des communautés kurdes d’Allemagne dans un communiqué. « Nous sommes en colère car les dirigeants politiques de ce pays ne s’opposent pas résolument aux réseaux d’extrême droite et au terrorisme d’extrême droite dans ce pays. »
L’Allemagne a été ébranlée en octobre 2019 par l’attaque d’une synagogue de Halle, dans l’est du pays, par un homme qui a reconnu avoir agi par antisémitisme et adhérer aux idées d’extrême droite. En juin 2019, un homme soupçonné d’appartenir à l’extrême droite avait été arrêté dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de Walter Lübcke, un membre de l’Union chrétienne démocrate (CDU), parti de la chancelière Angela Merkel, connu pour ses positions en faveur des migrants.
1/2 Zehn Menschen sind in #Hanau Opfer rechten Terrors geworden. Unsere Gedanken und unser Mitgefühl sind bei den Opfern und Angehörigen. Zum dritten Mal innerhalb kurzer Zeit sind nun Bürger von Rechtsterroristen ermordet worden. Wir dürfen nicht zur Tagesordnung übergehen… pic.twitter.com/V1ESQUVRmq
— Olaf Scholz (@OlafScholz) February 20, 2020
La double fusillade de Hanau survient quelques jours après le démantèlement d’une « organisation terroriste » d’extrême-droite qui préparait des attentats contre des musulmans, des demandeurs d’asile et des responsables politiques. Selon les services de renseignement allemands, l’Allemagne compte quelque 24.100 “extrémistes de droite”, dont la moitié sont jugés capables de passer à l’acte. « Politiquement, personne ne peut nier que 75 ans après la dictature nazie, le terrorisme d’extrême droite est de retour », a écrit sur Twitter le vice-chancelier Olaf Scholz. « Nous devons défendre notre démocratie libérale. »
Anika Ross, version française Jean Terzian, Marine Pennetier, Jean-Philippe Lefief et Jean-Stéphane Brosse