Sean Parker, ex-président de Facebook, a récemment fait part de son inquiétude concernant l’influence grandissante du réseau social. L’ex-patron a en effet adressé un discours sévère, en novembre dernier : « Je peux contrôler ce que font mes enfants, et ils ne sont pas autorisés à utiliser cette merde!»
RT lemondefr: Plusieurs anciens collaborateurs de Facebook, comme son ex-président Sean Parker, ont fait part de leur inquiétude concernant l’influence grandissante du réseau social. pic.twitter.com/iFlXde7C3X
— La revue du Zéphyr (@revuelezephyr) December 14, 2017
Mais il ne s’agit pas de la seule personne à critiquer cette nouvelle tendance. Plusieurs anciens collaborateurs de l’entreprise avaient, eux aussi, manifesté leur opposition à l’utilisation des réseaux sociaux, et en particulier, Facebook.
"Je pense que nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social"
Après Sean Parker en novembre, autour d'un ancien VP d'attaquer @facebook . Un outil qui ferait "majoritairement du bien dans le monde", mais mauvais pour nos #enfants ! #Media #news https://t.co/C6ev5KdBDP
— SAUTON guillaume (@Guillaume_SLK) December 13, 2017
Lors d’une conférence à la Stanford Graduate School of Business, Chamath Palihapitiya, qui fut vice-président chargé de la croissance de l’audience chez Facebook, a exprimé ses regrets d’avoir participé au succès de l’entreprise. L’ex cadre de la grande boite a confié qu’il se sent immensément coupable et a déclaré « Je crois que nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social ».
Encore un nouveau ex gros nom de #Facebook (après Sean Parker) qui montre de la culpabilité et du regret sur le rôle de Facebook dans la manipulation cognitive de ses utilisateurs #neurosciences (@fredbascunana ) https://t.co/mjghcBRM92 via @qz
— Pierre Brygier (@pierrebrygier) December 11, 2017
Selon M. Palihapitiya, qui avait rejoint Facebook en 2007 pour le quitter en 2011 et créer le fonds Social Capital, les « cœurs, “j’aime” et pouces en l’air » et « boucles de réactions basées sur la dopamine, détruisent le fonctionnement de la société. »
This is why we need the sanity of the #offline right now! @TBusinessCafe …Ex-Facebook president Sean Parker: site made to exploit human 'vulnerability' https://t.co/S7giHLDyDZ
— Penny Power OBE (@pennypower) December 4, 2017
L’ancien cadre estime également qu’« il n’y a pas de discours citoyen, pas d’entraide ; il y a de la désinformation ». « Vous ne le comprenez pas, mais vous êtes programmés… Et maintenant c’est à vous de décider ce que vous voulez abandonner, à quel point vous êtes prêts à renoncer à votre indépendance intellectuelle, » a-t-il ajouté.
Pour sa part, Sean Parker, avait tenu des propos similaires au début de novembre. Il décrivait alors le réseau social comme « une boucle infinie de validation sociale… Exactement le genre de chose qu’un hackeur comme moi inventerait, parce que vous exploitez une vulnérabilité de la psychologie humaine ».
« Dieu sait ce que ça fait au cerveau de nos enfants », a-t-il confié, ajoutant: « Les inventeurs, les créateurs – comme moi, Mark [Zuckerberg], Kevin Systrom d’Instagram et tous ces gens – avions bien compris cela, c’était conscient. Et on l’a fait quand même.»
Ça ne s’arrête pas là ! En effet, le New York Times a publié, durant le même mois, la charge d’une ancienne cadre de Facebook, Sandy Parakilas. Cette dernière avait travaillé en 2011-2012 sur les questions de vie privée. « Ce que j’ai vu de l’intérieur était une entreprise qui privilégiait la collecte de données de ses utilisateurs plutôt que de les protéger des abus », a-t-elle dénoncé.
Ces prises de position publiques à l’encontre de Facebook de la part d’employés étaient jusqu’ici très rares. Après 13 ans d’existence, les critiques et « attaques » commencent à voir le jour.
Le nombre d’anciens salariés qui ne se sentent plus tenus au silence grandit. Ainsi, Antonio Garcia Martinez, ancien employé de la grosse boite a décrit avec un humour grinçant son quotidien au sein du réseau social dans un livre (Chaos Monkeys (HarperCollins, 2016)).
Devenue un outil d’influence considérable, grâce à ces deux milliards d’utilisateurs actifs, Facebook a perdu son statut de start-up sympathique inoffensive des débuts. Il a ainsi été exploité par la Russie pour peser sur l’élection présidentielle américaine de novembre 2016.
De plus, la diffusion massive de fausses informations a soulevé d’importantes questions sur le rôle et l’influence du réseau social sur la société et la démocratie.
Cependant, l’entreprise fondée par Mark Zuckerberg cherche, encore, des réponses à ces questions, d’après un communiqué transmis au Monde, en réponse aux déclarations de M. Palihapitiya.
« Chamath ne travaille plus chez Facebook depuis plus de six ans. (…) Facebook était alors une entreprise très différente, et en grandissant, nous avons pris conscience que nos responsabilités s’étaient elles aussi étendues », rapporte la même source. « Nous prenons notre rôle au sérieux et travaillons dur pour nous améliorer », a conclu l’entreprise dans son communiqué.