La ville de Berlin a accusé mercredi la police locale d’avoir falsifié un document qui aurait théoriquement pu conduire à l’arrestation d’Anis Amri avant qu’il ne commette l’attentat au camion bélier contre un marché de Noël en décembre.
Anis Amri, 24 ans, accusé d’avoir tué le 19 décembre douze personnes et blessé des dizaines d’autres à Berlin sur un marché de Noël. Il avait fait allégeance au groupe extrémiste Etat islamique (EI) selon une vidéo diffusée par l’agence de propagande du groupe ultra-radical. Quatre jours plus tard, il a été tué lors d’un contrôle policier à Milan.
Estimant que l’auteur présumé de l’attentat aurait pu être arrêté avant de passer à l’acte, le ministère de l’Intérieur berlinois a annoncé le dépôt d’une plainte contre la police berlinoise pour falsifications de documents.
« Une plainte contre X a été déposée et des sanctions disciplinaires réclamées contre les responsables d’une falsification de document au sein de la police judiciaire berlinoise », a annoncé le ministre de l’Intérieur de l’Etat de Berlin, Andreas Geisel, le 17 mai.
#Berlin terrorist Anis #Amri was a known drug dealer. Police allegedly had enough evidence to jail him before attack https://t.co/ognqjbK07B pic.twitter.com/GEZcmfWWcj
— DW Politics (@dw_politics) May 18, 2017
Un document établi par la police locale « le 17 janvier 2017 mais visiblement antidaté au 1er novembre 2016, manifestement pour tenter de masquer des négligences dans la surveillance [du terroriste Anis Amri], ne parle que de petits trafics et d’anesthésiques », rapporte le ministre, pointant du doigt une « soustraction de malfaiteur ».
LKA-Beamte angezeigt – Welche Strafe droht den Lügen-Polizisten? https://t.co/5LSh5kBkOJ
— BILD Berlin (@BILD_Berlin) May 18, 2017
Or, si ces délits mineurs ne rendaient pas urgente l’interpellation du Tunisien de 24 ans, surveillé jusqu’en septembre 2016, «les éléments [en possession de la police locale] auraient suffi à obtenir un mandat d’arrêt du parquet» contre lui, a estimé Andreas Geisel.
Senat stellt Anzeige gegen LKA: Haben Polizisten Fehler im Fall Amri vertuscht? https://t.co/8k64Vpb9HG pic.twitter.com/swhBxBDE7W
— Berliner Morgenpost (@morgenpost) May 17, 2017
Le ministre de l’Intérieur berlinois a en effet précisé que la surveillance des conversations téléphoniques d’Anis Amri avait révélé qu’il participait à un trafic de stupéfiants en bande organisée, rendant donc son arrestation «tout à fait possible».
Arrivé en Allemagne en juillet 2015, avant la grande vague migratoire, la police l’a rapidement soupçonné de liens avec la mouvance salafiste. Classé « individu dangereux » depuis des mois dans l’ouest du pays, et disposant de plusieurs identités, il a fini par être signalé au centre allemand national de lutte antiterroriste.
Il était aussi visé depuis mars par une enquête confiée au parquet de Berlin pour « préparation d’un acte criminel grave représentant un danger pour l’Etat ».
Un autre ressortissant tunisien « en relation avec Anis Amri » a été extradé vers la Tunisie par l’Allemagne début février, selon le porte-parole du Parquet tunisien, Sofiène Sliti.
« Un Tunisien en relation avec Anis Amri a été expulsé d’Allemagne », a déclaré M. Sliti, confirmant des informations de presse.
Ce Tunisien, dont l’identité n’est pas connue, « n’est pas impliqué dans l’attaque de Berlin » mais « le pôle judiciaire antiterroriste a décidé de le mettre en détention provisoire et de le poursuivre pour appartenance à un groupe terroriste », a-t-il ajouté.
Selon le parquet allemand, la Tunisie n’avait pas donné suite à une demande de l’Allemagne de le renvoyer dans son pays. Le 12 janvier, en réponse aux critiques allemandes, le président Béji Caïd Essebsi a assuré que la Tunisie comptait « assumer ses responsabilités ».
Sur l’immigration illégale, « nous avons des accords bilatéraux avec certains pays y compris l’Allemagne, ce sont de bons accords et ils vont être appliqués », a-t-il dit.