Il Ă©tait un petit homme et une grande personne. Il avait une personnalitĂ© haute en couleur. II parlait un français impeccable et un arabe du mĂªme calibre. Sans Ăªtre religieux, il savait parler de la religion parcimonieusement. Il aimait la bière et les femmes et il savait parler pour ne rien dire comme pour dire les choses les plus graves et les plus pĂ©rilleuses.
Beji CaĂ¯d Essebsi Ă©tait d’une intelligence rare, il a su Ă©viter toutes les tempĂªtes pour arriver en fin de parcours Ă Ăªtre prĂ©sident de la RĂ©publique et Ă Ă©viter un bain de sang entre tunisiens. En animal politique, il a imposĂ© aux tunisiens un consensus, parfois pĂ©rilleux mais salutaire, qui leur a permis d’Ă©viter les malheurs d’un printemps arabe catastrophique ailleurs mais plein d’espoir en Tunisie.
Il a eu le malheur d’avoir un cancre de fils qui a terni son image en le prĂ©sentant parfois comme un chef de clan et un père protecteur ne se souciant que des intĂ©rĂªts de sa famille.
De toutes les manières, nous lui devons la stabilitĂ©, bien que fragile, dans le pays et les prĂ©mices d’une dĂ©mocratie avec tous les ingrĂ©dients de la rĂ©ussite et du succès. Sa mort a aussi Ă´tĂ© le voile sur une catĂ©gorie de tunisiens qui vivent dans la haine et qui ne diffusent que dĂ©testation et mĂ©pris, une bande de voyous complexĂ©s aux rĂ©fĂ©rences douteuses et au patriotisme dĂ©faillant.
Sans aucune dĂ©magogie, nous pouvons considĂ©rer que Beji CaĂ¯d Essebsi est le père de la nouvelle Tunisie, un père certes imparfait mais qui a laissĂ© de quoi construire une famille dans l’entente et la comprĂ©hension.
C’est Ă partir de cet hĂ©ritage que nous devons nous atteler Ă la construction de la Tunisie du futur. Les batailles pour la pĂ©rennitĂ© de la libertĂ© et de la dĂ©mocratie ne sont pas finies et la vigilance ne doit en aucun cas s’arrĂªter pour libĂ©rer la Tunisie des arriĂ©ristes et des comploteurs. RIP BCE et bonne chance Ă la Tunisie de demain.
Par Hanen B Salah