L’Instance politique du mouvement Nidaa Tounes a souligné, dimanche, la nécessité pour le chef du gouvernement Youssef Chahed de procéder « à un remaniement ministériel dans les plus brefs délais » tout en appelant la présidence du gouvernement à tenir une réunion demain lundi pour examiner les moyens susceptibles de sortir de la crise politique actuelle.
Dans son communiqué publié sur sa page Facebook, l’Instance a fait observer que le remaniement ministériel permettra de combler la vacance et de remplacer tout membre de gouvernement dont l’action n’a pas été à la hauteur de la confiance placée en lui par les députés de Nidaa Tounes.
L’Instance a également réaffirmé l’importance que le remaniement se fasse en prenant en considération « les facteurs de la compétence et de l’efficience dans la mise en oeuvre des programmes tracés et loin de la politique des quotas partisans ».
L’Instance politique s’est félicitée de l’appel lancé par la présidence de la République à tenir une réunion demain lundi mentionnant qu’elle soutient entièrement les démarches menées par le président de la République pour trouver une solution consensuelle et définitive à la crise politique qui a bloqué la marche des institutions de l’Etat.
Il est à signaler que la composition du gouvernement de Youssef Chahed a connu dernièrement le départ de l’ancien ministre de l’Intérieur Lotfi Brahem qui a été remplacé par le ministre de la Justice Ghazi Jeribi. Ce dernier assure l’intérim à la tête du département de l’Intérieur. Hier encore samedi, le ministre des Relations avec les Instances constitutionnelles, la Société civile et des Droits de l’Homme, Mehdi Ben Gharbia a présenté sa démission, laquelle a été acceptée par Youssef Chahed.
Les principaux dirigeants politiques tunisiens, mais aussi des responsables syndicaux et du patronat, ont participé lundi à une réunion au palais présidentiel, au lendemain d’une interview controversée du chef de l’Etat Béji Caïd Essebsi proposant la démission du Premier ministre.
Cette rencontre est intervenue dans un contexte tendu: le parti présidentiel Nidaa Tounès, dont est aussi issu le Premier ministre Youssef Chahed, et la principale centrale syndicale UGTT réclament depuis des mois le départ du chef de gouvernement, arguant des difficultés économiques du pays.
Dans un communiqué publié lundi, la présidence de la République a indiqué que cette rencontre avait été consacrée à discuter « des moyens adéquats pour dépasser la crise politique actuelle », soulignant « la nécessité que tous les partis politiques assument leurs responsabilités pour trouver des solutions à cette crise ». Aucune décision politique n’a été annoncée à l’issue de cette rencontre.
Dans un entretien diffusé dimanche soir par une chaîne TV qui a suscité une controverse, le président avait évoqué la piste d’une démission de M. Chahed. « Le chef du gouvernement doit démissionner ou aller devant le Parlement pour que ce dernier lui renouvelle sa confiance », a dit M. Caïd Essebsi dans cet entretien diffusé par la chaîne privée Nessma TV puis publié sur la page officielle de la présidence.
Mais deux autres médias privés, la chaîne Al Hiwar Ettounsi et la radio Mosaïque FM, dont un journaliste était présent lors de l’interview, ont eux refusé de la diffuser, en accusant Nessma TV de leur avoir transmis une version tronquée de l’entretien.
La Haica, instance chargée de réguler le secteur audiovisuel, s’est jointe aux critiques, son président jugeant « aberrant » que le chef de l’Etat « réserve une déclaration, dans un contexte particulièrement important et grave, à une télévision hors la loi ».
En juin, la Haica avait accusé la direction de Nessma TV d’utiliser sa télévision pour « soutenir des acteurs politiques » et pour « se positionner afin d’influencer les organes de l’Etat ». Depuis deux mois, les débats politiques sur Nessma insistent principalement sur ce qui est qualifié « d’échec du gouvernement de Youssef Chahed » et sur « la nécessité de son départ » pour sortir de la crise politique.
L’un des plus chauds partisans d’un départ du chef du gouvernement est le numéro un du parti Nidaa Tounès, Hafedh Caïd Essebsi, fils du chef de l’Etat et à qui la presse prête des ambitions pour la présidentielle de 2019.