Les Femen ont fait irruption ce vendredi, seins nus, à quelques mètres de l’Élysée, criant en anglais «Dieu est femme!». « Tartare de femmes », « émincés de kurdes », « journalistes cuits à l’étouffée », « pudding de gays », ont-elle écrit sur une ardoise faisant office de menu.
Erdogan's cannibal lunch. Au menu: Tartare de Femmes
Émincé de Kurdes
Journalistes cuits à l’étouffée
Écrasé de liberté d’expression
Hachis de droits humain
Pudding de gay pic.twitter.com/eBvCZkGqzy— inna shevchenko (@femeninna) January 5, 2018
Le président turc Recep Tayyip Erdogan est reçu vendredi à Paris par son homologue Emmanuel Macron pour discuter de la Syrie, de l’Europe mais aussi de la question sensible des droits de l’Homme en Turquie.
FEMEN appelle le président français à soutenir les militants féministes, laïques et progressistes de Turquie face à son homologue turc !
Il est du rôle de la France de défendre les droits humains.
ERDOGAN'S CANNIBAL LUNCH !
ERDOGAN DÉVORE LA DÉMOCRATIE pic.twitter.com/jxtw9LpxDi— Sofia OIO (@Sofiasept) January 5, 2018
Cette visite est la plus importante du chef de l’Etat turc dans un pays de l’Union européenne (UE) depuis le putsch manqué de juillet 2016 et la répression qui l’a suivi.
M. Erdogan sera accueilli à la mi-journée par M. Macron à l’Elysée pour un tête-à-tête suivi d’un déjeuner à l’issue duquel les deux présidents s’exprimeront devant la presse.
⚡️BREAKING NEWS⚡️
Aujourd'hui, le président turc Recep Tayyip #Erdogan rencontre son homologue Emmanuel #Macron lors d'un repas à l'Elysée. En hôtesses, @Femen_France a tenu à y prendre part en apportant le repas !
Plat du jour : suppression de droits humains pic.twitter.com/ekmOgoN56v— inna shevchenko (@femeninna) January 5, 2018
Cette visite fait grincer des dents à gauche en France: elle a été condamnée par le parti d’extrême gauche France insoumise et le Parti communiste français tandis que la Ville de Paris, dirigée par la socialiste Anne Hidalgo, s’est dite « préoccupée » par le « respect des droits humains et de la démocratie locale en Turquie ».
Mais l’Elysée la justifie par le souci d’Emmanuel Macron de « maintenir le fil du dialogue sans cacher les divergences », comme il le fait avec les autres dirigeants.
BON APPÉTIT MR #ERDOGAN ! Aujourd'hui vendredi 5 janvier 2018, le président turc Recep Tayyip Erdogan rencontre son…
Publiée par FEMEN sur Vendredi 5 janvier 2018
« Ce dialogue exigeant », selon la présidence française, a été initié au cours de rencontres au sommet de l’Otan en juillet puis en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre. Les deux hommes se sont parlé au téléphone à de nombreuses reprises, notamment après les arrestations en Turquie de deux Français, le photoreporter Mathias Depardon et l’étudiant en journalisme Loup Bureau.
Emmanuel Macron a affirmé mercredi qu’il évoquerait avec son invité « la situation des journalistes emprisonnés en Turquie. Je le ferai dans le respect mais avec le souci de défendre (…) nos valeurs et nos intérêts », a-t-il précisé.
Plus de 140.000 personnes ont été limogées ou suspendues et plus de 55.000 ont été arrêtées, dont des universitaires, des journalistes et des militants pro-kurdes.
Amnesty International a exhorté M. Macron à rappeler « fermement » à M. Erdogan que « les défenseurs des droits humains n’étaient pas des terroristes ». Des syndicats et organisations de journalistes, dont RSF, lui ont demandé de « dénoncer avec fermeté l’injustice qui frappe les journalistes turcs ».
L’ampleur des purges menées par Ankara a quasiment ramené à l’arrêt les négociations au long cours sur la candidature d’adhésion de la Turquie à l’UE.
Les deux dirigeants devraient également discuter des troubles en Iran, de la question de Jérusalem après la décision du président américain Donald Trump de la reconnaître comme capitale d’Israël, ainsi que du climat, la Turquie n’ayant pas ratifié l’accord de Paris, selon l’Elysée.
Sur le plan bilatéral, Paris comme Ankara souhaitent accroître leurs échanges économiques qui s’élevaient, en 2016, à 13,38 milliards de dollars, selon Ankara. La France veut avancer sur le projet de la construction, par Areva avec le Japonais Mitsubishi, d’une centrale nucléaire à Sinop, sur les bords de la mer Noire.