Paris, (Reuters) — Le président français, Emmanuel Macron, a annoncé dimanche une accélération du déconfinement dès ce lundi afin de relancer une économie mise à genoux par la crise sanitaire liée au coronavirus.
Je veux que nous tirions toutes les leçons de ce que nous avons vécu. pic.twitter.com/xsw5lhyis2
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 14, 2020
Le chef d’État français s’est engagé à préserver autant que possible les entreprises et l’emploi au cours de la période à venir, qui s’annonce comme la pire récession traversée par le pays depuis la Seconde Guerre mondiale, sans pour autant augmenter les impôts.
Premier signe tangible de cette accélération du déconfinement, la réouverture des bars et des restaurants à Paris, une mesure attendue par le secteur de l’hôtellerie et du tourisme, particulièrement pénalisé par les semaines de confinement.
« Dès demain, tout le territoire à l’exception de Mayotte et de la Guyane où le virus circule encore activement, passera dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler la zone verte ce qui permettra notamment une reprise plus forte du travail et la réouverture des cafés et restaurants en Île-de-France », a-t-il dit.
« Dès demain, il sera à nouveau possible de se déplacer entre les pays européens. Et à partir du 1er juillet, nous pourrons nous rendre dans les États hors d’Europe où l’épidémie sera maîtrisée, » annonce le président français, Emmanuel Macron.
Dès demain, il sera à nouveau possible de se déplacer entre les pays européens. Et à partir du 1er juillet, nous pourrons nous rendre dans les États hors d'Europe où l'épidémie sera maîtrisée.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 14, 2020
Dans le même ordre d’idée, et pour accélérer le retour au travail de la population, le président a annoncé la réouverture intégrale des crèches et des établissements scolaires, dans le primaire et le secondaire, pour « tous les élèves de manière obligatoire et selon les règles de présence normales » dès le 22 juin.
Il a en outre précisé que le second tour des élections municipales serait bien organisé le dimanche 28 juin, tout en mettant en garde contre le risque de penser que l’épidémie est passée, observant que si une “première victoire contre le virus” a été remportée, “il faudra continuer d’éviter au maximum les rassemblements car nous savons qu’ils sont les principales occasions de propagation du virus.”
500 milliards d’euros pour soutenir l’économie
La crise du coronavirus a exposé les fragilités de l’économie française, comme celles de ses partenaires européens, particulièrement dépendante de chaînes de production délocalisées et qui se sont grippées dès que l’activité s’est tue en Chine.
Selon le président français, la seule solution est de bâtir un nouveau modèle économique plus fort, de produire davantage localement afin de « ne pas dépendre des autres. »
« Au total, nous avons mobilisé près de 500 milliards d’euros pour notre économie, pour les travailleurs, pour les entrepreneurs, mais aussi pour les plus précaires », a-t-il rappelé.
« Il nous faut créer de nouveaux emplois en investissant dans notre indépendance technologique, numérique, industrielle et agricole. Par la recherche, la consolidation des filières, l’attractivité et les relocalisations lorsque cela se justifie. »
Évoquant la jeunesse, dont une partie va entrer sur le marché du travail dans un contexte incertain, il s’est engagé à « une relance sociale et solidaire, par un investissement massif pour l’instruction, la formation, et les emplois ». Il a en outre annoncé l’ouverture d’un nouveau chantier de réformes institutionnelles en suggérant d’amplifier la décentralisation.
« Tout ne peut pas être décidé si souvent à Paris. (…) Je veux ouvrir pour notre pays une page nouvelle donnant des libertés et des responsabilités inédites à ceux qui agissent au plus près de nos vies », a-t-il dit, annonçant qu’il reviendrait devant les Français au mois de juillet pour préciser les contours de son projet.
Intraitables face au racisme
Il est enfin revenu sur le débat entourant le comportement des forces de l’ordre et sur le racisme dont elles sont accusées par une partie de la classe politique et de la population. « Nous serons intraitables face au racisme, à l’antisémitisme et aux discriminations et de nouvelles décisions fortes seront prises, » a-t-il promis.
« Je vous le dis très clairement ce soir mes chers compatriotes, la République n’effacera aucune trace ni aucun nom de « son histoire ». La République ne déboulonnera pas de statue », a-t-il toutefois prévenu, s’impliquant ainsi dans le débat mémoriel qui s’est emparé de plusieurs pays occidentaux, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni notamment, où plusieurs statues de personnages historiques controversés ont été déboulonnées.
« Nous ne bâtirons pas davantage notre avenir dans le désordre. Sans ordre républicain, il n’y a ni sécurité, ni liberté. Cet ordre, ce sont les policiers et les gendarmes sur notre sol qui l’assurent. »
Edité par Jean-Michel Bélot