Rached Ghannouchi était sur la « petite » Nessma hier. Comme d’habitude, il nous a noyé dans les faux bons sentiments et la vraie hypocrisie. À aucun moment, il n’a daigné reconnaitre la responsabilité de son parti dans la dégradation de la situation politique et économique de la Tunisie. Il nous a gratifiés, comme à l’accoutumée, d’une série de contre-vérités. Le summum des mensonges a été atteint quand il nous a sorti que la part d’échec d’Ennahdha dans l’échec total du gouvernement Essid est proportionnel à sa participation à gouvernement ! C’est ce qu’on appelle les mathématiques pratiquées par hypocrites.
Non, Monsieur, vous êtes responsable(s) en grande partie de cet échec et coupable(s) de non assistance à un pays en danger. Vous êtes la cheville ouvrière de la ruine du pays ! Les maux de la Tunisie sont bien antérieurs au gouvernement Essid. Vous avez dynamité l’administration, cassé les institutions, placé des incompétences partout, embauché les ignares, indemnisé des voyous et des assassins, dicté une constitution sur mesure qui a rendu le pays ingouvernable.
Vous avez perdu les élections mais vous vous êtes maintenu(s) au pouvoir par la pression, par les menaces, par la magouilles, en bloquant les lois, en grattant les directions des comités parlementaires, en jouant avec les nerfs de tout un peuple. Vous avez l’indécence d’être partout pour éclipser le Président de la République et réduire sa présence, vous avez noyauté la presse, la télévision, les radios et toutes les mosquées. Vous avez vendu du mirage et vous avez acheté des âmes.
Vous êtes pour la démocratie de l’argent sale et du suivisme béat de ceux qui le possèdent. Vous êtes pour la surpuissance de la religion contre les lois civiles et les règles d’une société moderne. Si Monsieur Ghannouchi, vous êtes pleinement dans le gouvernement qui n’a rien fait pour les Tunisiens comme vous étiez dans les précédents qui ont tout fait pour anéantir les aspirations de ces mêmes tunisiens. Mais vous n’avez pas le courage d’assumer vos responsabilités. Vous êtes dans la logique de la tromperie qui caractérise votre mouvement : présent partout mais jamais coupable.
Seriez-vous capable de donner les sources et le montant vos financements ? Seriez-vous capable de rembourser l’argent que vous avez empoché indument sous prétexte d’indemnisations honteuses qui ont participé à la ruine du pays ? Auriez-vous le courage de demander pardon aux tunisiens pour toutes les exactions que votre mouvement et vos partisans ont commis contre ce peuple ? Seriez-vous capable de vous désolidariser des responsables de votre mouvement qui sont impliqués dans des délits et crimes divers ? Comment expliquer l’enrichissement brutal des dirigeants (dont vous même) de votre mouvement ?
Je peux continuer dans les questions et les constatations, je peux aussi évoquer votre proximité d’Abdelhakim Belhaj le libyen qui participe activement à la dislocation de son pays, de Karadaoui qui légalise le meurtre des innocents, d’Erdogan qui cherche à ressusciter l’empire Ottoman par les armes et les larmes et de plein d’autres qui aiment que la Tunisie soit égorgée avec tous ses habitants ou abandonnée aux traitres et aux malfaisants.
Avec le peu de dignité qui vous reste, cessez de prendre les Tunisiens pour des abrutis, car ils ont un seuil de tolérance qui vous surprendra, et s’ils se sont révoltés un moment par inconscience ou par désarrois, la prochaine fois ils le feraient en connaissance de cause, car ils savent maintenant qui les a trompés, qui les a bernés, qui abusé de leur bonté, qui leur a vendu l’enfer en le faisant passer pour le paradis…
Non, monsieur Ghannouchi, votre équation gouvernementale est fausse ! La vraie est que votre échec est Inversement proportionnel à votre participation au gouvernement. Assumez-le !
Par Ali Gannoun, professeur-chercheur à l’Université de Montpellier II