La Garde financière italienne a effectué 14 arrestations contre des tunisiens et des Italiens pour association de malfaiteurs. Le gang dirigeait un trafic de migrants entre la Tunisie et les côtes siciliennes avec des canots pneumatiques rapides.
Le terme « Cumanna » en sicilien signifie littéralement « commander », mais, d’une certaine manière, le concept est encore plus large: avec le verbe « cumannari », on désigne quelqu’un ou quelque chose qui contrôle tout, celui qui a une très forte influence sur une personne ou sur un territoire.
Palermo: 14 arresti per traffico di migranti con la Tunisia. Arrestato il capo della cosca Fadhel Moncer https://t.co/aSbyOBIq4o pic.twitter.com/w3XRdehadG
— Primapress.it (@Primapressit) January 15, 2019
Et le fait que proférer cette exclamation est un sujet bien cadré dans le monde souterrain de la ville sicilienne, Trapani, est encore plus important. L’expression est en fait intercepté par des douaniers italiens (Garde financière au pouvoir assez large) qui enquêtent sur un trafic de migrants en provenance de la Tunisie, débarquant le long des côtes italiennes. Les enquêteurs donnent un nom de code à cette opération : « Blackbeard » (Barbe Noire), en rapport avec l’aspect du suspect principal, Moncer, un barbu.
Ristoratore e scafista, 12 fermi Il grande business dei migranti – AllNews24 –
PALERMO – Ufficialmente gestiva un bel ristorante, il “Bellavista” sul lungomare di Mazara del Vallo, ma Fadhel Moncer, … – https://t.co/4hk2bLDrZS pic.twitter.com/f16I5kYzlU
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Le « cumannari » à Mazara, comme le surnomme les enquêteurs, est un Tunisien, Fadhel Moncer, alias « Boulaya » en raison de sa barbe noire bien garnie. Dans la région de Trapani, Fadhel a été en mesure de bâtir un empire évalué à 3 millions d’euros. Il en va de même pour les actifs saisis côté tunisien. Selon les enquêteurs, tout est le produit de revenus illicites amassés, grâce à un trafic de migrants, de drogue, de cigarettes de contrebande… Fadhel a réussi ensuite à blanchir cet argent dans d’autres activités commerciales tel que le restaurant qu’il dirige dans cette ville sicilienne: « Le Belvedere » de Mazara del Vallo et une ferme saisi depuis.
L’enquête révèle aussi que l’association de Fadhel est beaucoup plus qu’une « simple » entreprise mafieuse. Elle semble aussi bien organisée, ramifiée, capable de corrompre des fonctionnaires tunisiens et de débarquer des migrants en Italie presque sans être dérangés. 3.000 euros par tête et une quinzaine de migrants pour chaque traversée. Et l’argent qui provient de cette activité illégale lui donne un pouvoir qui dépasse de loin la gestion du tronçon entre les côtes tunisiennes et siciliennes.
Fadhel Moncer, avait aussi planifié un attentat à la bombe contre une caserne de Carabiniers (Gendarmerie). Déjà arrêté en 2012 pour trafic d’armes et de drogue entre la France et l’Italie, ce Tunisien avait l’intention de faire sauter tout une caserne. Seules les menottes l’ont empêché de mener à bien son plan.
« Dans un cas, il a été possible de constater que, grâce à l’utilisation de l’un des deux bateaux de pêche italiens, les membres de l’organisation situés à Lampedusa, après avoir chargé les lances et les moteurs provenant du vol commis sur l’île et utilisés par les flux migratoires, auraient procédé à leur transfert sur un bateau de pêche tunisien, armé et dirigé par l’un des membres du groupe, Khaireddine Farhat (Aka Karim), pour être réutilisés dans la facilitation de l’immigration clandestine », indiquent les enquêteurs.