Francfort (Reuters) – La Banque centrale europĂ©enne (BCE) a lancĂ© un nouveau programme d’achat d’obligations de 750 milliards d’euros, Ă l’issue d’une rĂ©union imprĂ©vue mercredi soir, dans le but d’endiguer la dĂ©route financière provoquĂ©e par l’épidĂ©mie de coronavirus, qui broie l’économie de la zone euro.
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— Guillaume Daret (@GuillaumeDaret) March 18, 2020
Avec une grande partie de l’Europe en confinement Ă cause de l’épidĂ©mie, l’activitĂ© Ă©conomique se retrouve quasiment Ă l’arrĂªt et les marchĂ©s financiers ont reculĂ© au bord du gouffre, laissant entrevoir une rĂ©cession comparable Ă celle observĂ©e en 2008 lors de la crise financière mondiale et soulevant des questions sur la cohĂ©sion de la zone euro en temps de crise.
Sous pression pour agir afin de réduire les coûts de financement des pays les plus endettés de la zone et frappés par l’épidémie, tels que l’Italie, la banque centrale a lancé un nouveau programme dédié d’achat d’obligations, portant à 1.100 milliards ses achats d’actifs prévus sur les marchés cette année.
À lui seul, le plan annoncé en toute fin de soirée mercredi équivaut à 6% du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro. « A période extraordinaire, action extraordinaire », a déclaré la présidente de la BCE, Christine Lagarde. « Il n’y a pas de limite à notre engagement à l’euro. Nous sommes déterminés à utiliser le plein potentiel de nos outils, dans notre mandat ».
La Banque centrale européenne va mobiliser 750 milliards d'euros pour soutenir la zone euro face aux conséquences du coronavirus >>https://t.co/M360ktco9P
— Les Echos (@LesEchos) March 19, 2020
Le ministre français de L’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, s’est fĂ©licitĂ© de cette annonce. « Je salue l’action de la BCE qui vient de prendre des dĂ©cisions massives pour rĂ©pondre Ă la crise du coronavirus affectant la zone euro dans son ensemble », a-t-il dit sur Twitter. Les achats d’actifs vont se poursuivre jusqu’à ce que la « phase critique » de l’épidĂ©mie prenne fin, a indiquĂ© la BCE dans un communiquĂ©, et le papier commercial non-financier sera aussi inclus pour la première fois dans les actifs Ă©ligibles. Après l’annonce, l’euro a rebondi et gagnait 0,16% face au dollar, Ă $1,0929.
Disant vouloir faire montre de flexibilitĂ©, la BCE a laissĂ© entendre qu’elle ne tolĂ©rerait pas un Ă©cartement accru entre les rendements, qui ont fait monter les taux italiens et grecs ces derniers jours. Les achats de la BCE vont aussi inclure pour la première fois la dette de la Grèce. ÉlĂ©ment crucial, la banque centrale a dĂ©clarĂ© qu’elle Ă©tait prĂ©parĂ©e Ă accroĂ®tre la taille et la durĂ©e de ses achats si nĂ©cessaire et Ă Ă©tudier tout obstacle sur sa route – une probable rĂ©fĂ©rence au plafond d’achat d’un tiers de l’encours de la dette d’un pays.
Cependant la BCE a maintenu le taux de facilité de dépôt à -0,5%, comme elle l’avait fait la semaine dernière, un autre signe que ses gouverneurs pourraient désormais considérer qu’une baisse supplémentaire serait contre-productive. Au terme d’une réunion régulière jeudi dernier, la BCE a approuvé un ensemble de mesures de soutien qui ont toutefois déçu les investisseurs, soulevant des questions sur l’engagement de la banque centrale à faire « tout ce qu’il faut » pour sauver l’euro comme l’avait promis son ancien patron Mario Draghi.
Avec la flambée des rendements obligataires en périphérie du bloc communautaire et l’allongement en quelques jours de l’écart de rendement entre l’Italie et l’Allemagne, la pression s’était accentuée sur la BCE pour qu’elle engage de nouvelles mesures.
Balazs Koranyi et Francesco Canepa; version française Jean Terzian