Paris, — La célèbre militante féministe et femme politique franco-tunisienne, Gisèle Halimi est morte ce mardi 28 juillet 2020 à Paris. Née à La Goulette, à la banlieue nord de Tunis, le 27 juillet 1927 d’une mère juive et d’un père d’origine berbère. Elle entreprend des études au lycée de jeunes filles de Tunis.
Gisèle Halimi vient de mourir à l'âge de 93 ans.
Le droit à l'avortement, l'abolition de la peine de mort, la dépénalisation de l'homosexualité… Elle a consacré sa vie à défendre ces causes. Voici son histoire. pic.twitter.com/IlFOnRKxIE
— Brut FR (@brutofficiel) July 28, 2020
En 1949 elle entre au barreau de Tunis et poursuit sa carrière d’avocate à Paris en 1956, après des études à la Faculté de droit et de lettres de Paris et à l’Institut d’études politiques de Paris.
Nicolas Bedos, dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur, acteur et humoriste français. Fils de l’humoriste Guy Bedos, a rendu hommage sur Instagram et Twitter à cette femme qui occupait une place très importante dans sa vie. Gisèle Halimi était sa marraine, une marraine qu’il adorait.
— Nicolas Bedos (@NicolasBedos1) July 28, 2020
« Ma marraine adorée, quelle vie que la tienne ! Les femmes te doivent tant ! La société te doit beaucoup et moi je te dois trop. Nos mercredis m’ont tout appris, j’ai eu tellement de chance. Cette année vient du diable, je la hais comme je t’aime. On va te relire avec respect. Le paradis affiche complet”, a écrit Nicolas Bedos, emprunt de tristesse mais aussi de nostalgie en repensant à tous les moments passés avec sa marraine.»
« Bourguiba a libéré les femmes »
Qui était, pour vous, Bourguiba ? Gisèle Halimi. Un visionnaire, répondit-elle dans une interview au journal Le Parisien en avril 2000 dont voici les extraits : Il avait très tôt compris que le degré de liberté accordé à la femme est un révélateur du degré de modernité d’un pays.
Lui ne regardait pas les femmes comme une catégorie en péril. Il a vu ce que beaucoup d’Occidentaux ne comprennent pas encore : pas de développement sans les femmes. L’urgence était de les intégrer, et à part entière.
Et il n’y est pas allé de main morte. Utilisant le Coran, il a mis le droit religieux en échec. Il a fait disparaître la répudiation, les mariages précoces. Il a instauré le divorce par consentement mutuel dès 1956.
En 1961, il disait oui à la contraception et, un an plus tard, à l’avortement. Aujourd’hui, l’alphabétisation est réussie à 92 %. Je rentre du Maroc : le contraste est effrayant. Là-bas, 70 % des femmes sont analphabètes. Et le taux atteint 90 % dans les campagnes. L’élan initial semble pourtant s’être vite arrêté En 1967, Bourguiba a été victime d’un accident cardiaque assez sérieux.
Il en est sorti diminué. Mais sa nature extrêmement autoritaire est demeurée intacte. Il brûlait toujours d’une volonté de réussir. Forcément, il y a eu, à la longue, des dégâts, des erreurs, la répression. Le responsable, c’était lui ? Il en a rejeté la responsabilité sur les courroies de transmission du régime.
Là se sont tournées, pour la Tunisie, des pages noires. Quel était son âge exact ? Je n’ai jamais su. Bourguiba, c’est comme pour mon père. Il était « présumé né en ». Je disais toujours à mon père : « Tu carottes quelques années ».
Comme Bourguiba. D’après mon père, il était né en 1900. Certains disent : un an avant. Bref, il serait mort centenaire. À son époque, il n’y avait pas d’état civil. On savait simplement qu’on était né en été ou en hiver.
Fortement engagée dans plusieurs causes, elle milite pour l’indépendance de la Tunisie, mais aussi pour l’Algérie ; elle dénonce les tortures pratiquées par l’armée française et défend les militants du Mouvement national algérien poursuivis par la justice française.
À partir de 1960, elle prend la défense de Djamila Boupacha, militante du Front de libération nationale algérien, notamment dans le journal Le Monde. Par la suite, elle co-signe avec Simone de Beauvoir « Djamila Boupacha, » livre dans lequel elle obtient de nombreux soutiens et la participation de grands noms comme Pablo Picasso dont le portrait de Djamila Boupacha figure sur la couverture.