Paris, — Les pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière, notamment soupçonnés de radicalisation, la France agite la menace d’une réduction des visas.
🗣️ @CBeaune sur la politique migratoire : "Je ne dis jamais : un migrant = un terroriste. En revanche, protéger nos frontières, c'est un moyen de faire nos choix en matière d'immigration et en même temps de lutter contre des trafics divers et variés"#Europe1 #LeGrandRDV pic.twitter.com/HJcCyleIY0
— Europe 1 🎧🌍📻 (@Europe1) November 15, 2020
Le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Clément Beaune, assume ce chantage, dimanche sur Europe 1, et a ajouté que la France n’hésiterait pas à envisager une réduction « ciblée » du nombre de visas attribués aux pays qui rechignent à reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière, notamment ceux soupçonnés de radicalisation.
Quatre jours après l’attentat de Nice, le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, a annoncé qu’il se rendrait en fin en Tunisie et en Algérie pour remettre aux autorités une liste d’individus radicalisés que la France souhaite expulser.
De vendredi à lundi, Gérald Darmanin sera en Italie, en Tunisie, à Malte puis en Algérie. https://t.co/bGoOd9BHHp pic.twitter.com/UQYzR63NFj
— Paris Match (@ParisMatch) November 2, 2020
Selon le ministère français de l’Intérieur, la France compte 231 étrangers en situation irrégulière suivis pour radicalisation et a fait de leur expulsion une priorité. Mais ces expulsions ne sont pas toujours possibles.
« Lorsque les personnes à renvoyer ne disposent pas d’un titre d’identité, l’État doit obtenir l’accord du pays d’origine, à travers l’émission d’un laissez-passer consulaire. Or, l’obtention de ce document (…) n’est pas toujours évidente. D’autant plus que ces pays n’ont pas nécessairement intérêt à coopérer », lit-on sur le site Vie publique.
C’est là que la diplomatie intervient, et ce fut notamment un objet des visites de Gérald Darmanin en Tunisie, au Maroc, en Algérie et en Russie ces dernières semaines. Dans certains pays le sujet fait polémique, notamment en Tunisie (pays d’origine de l’auteur de l’attentat de Nice) où la possibilité d’un retour au pays de Tunisiens ayant rejoint des groupes djihadistes en Syrie avait déclenché des manifestations hostiles en 2016.
« A un moment il faut être concret, efficace (…) On respecte nos partenaires mais en Européens, avec nos partenaires européens, on doit mettre cette pression », a-t-il relevé.
« Là aussi il faut sortir de la naïveté, il faut passer par une action européenne parce que nous sommes plus forts dans ces pressions », a martelé Clément Beaune tout en insistant sur la nécessité d’une action concertée avec les autres pays européens, notamment de l’espace Schengen, pour une « meilleure efficacité ».
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin indique que sur les 231 « étrangers en situation irrégulière et suivis pour soupçon de radicalisation (…) nous en avons expulsé 48, dont 30 au cours de ces trois dernières semaines. Cinquante ont été placés en centre de rétention administrative et 40 assignés à résidence, en attente d’être expulsés. Sur les 231, plus de la moitié est donc hors d’état de nuire ».
J’effectue des déplacements en Europe pour dégager avec nos partenaires européens une position commune sur la maîtrise de nos frontières extérieures à la demande du Président de la République. Et j’ai effectué des déplacements en dehors de l’Union, comme ceux que vous mentionnez, où il s’agit de lutter contre le terrorisme, améliorer notre coopération en matière de renseignement et obtenir le retour dans leur pays d’origine des étrangers en situation irrégulière, en particulier s’ils sont radicalisés. On ne peut pas parler de situation bloquée.
Depuis 2017, 471 étrangers radicalisés ont été reconduits. « Quand je suis arrivé au ministère de l’Intérieur, il y avait encore 231 étrangers en situation irrégulière et suivis pour soupçon de radicalisation », précise le ministre.
« Depuis, nous en avons expulsé 48 dont 30 au cours de ces trois dernières semaines, dans un contexte sanitaire exceptionnel, avec certains espaces aériens fermés. 50 ont été placés en centre de rétention administrative et 40 assignés à résidence, en attente d’être expulsés. Sur les 231, plus de la moitié est donc hors d’état de nuire. »
Le 29 octobre dernier, un Tunisien de 21 ans a tué trois personnes à coups de couteau dans la Basilique Notre-Dame de l’Assomption, en plein cœur de Nice, avant d’être grièvement blessé lors de son interpellation. Il s’agit de la troisième attaque d’inspiration islamiste commise sur le territoire français depuis la republication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo, début septembre.