Tunis, — Un navire chargé de 16.500 tonnes de phosphate, en provenance d’Algérie, a accosté ce mercredi au port de Gabès, dans le sud-est tunisien.
«Nous avons dû importer du phosphate pour combler le déficit d’engrais agricoles et garantir des stocks suffisants de cette substance», a expliqué Abdelwaheb Ajroud, le directeur général du Groupe chimique tunisien (GCT). La première cargaison importée, est estimé à 40 000 tonnes, et arrivera en Tunisie en provenance d’Algérie avant la fin septembre.
Le responsable a souligné la nécessité de «maintenir pas moins de 75% de la capacité de production des usines du Groupe chimique, qui est tombée ces dernières années à 40%». Il a ajouté que la Tunisie cherchait dans un premier temps à importer 500 000 tonnes de phosphates en plusieurs lots.
La production de phosphate a fondu de moitié et les pertes de la société se sont accumulées avec l’augmentation de la masse salariale. La baisse du chiffre d’affaires de la CPG a mis en évidence l’incapacité du gouvernement à réformer les sociétés publiques gonflées par une masse salariale mettant ainsi la Tunisie sur une trajectoire conflictuelle avec les donateurs internationaux.
L’entreprise perd près d’un milliard de dollars par an depuis 2011 en raison des perturbations causées par les manifestations. Selon les documents consultés par l’agence Reuters, l’entreprise n’a eu que 4 500 jours de production sur 14 000 possibles dans ses cinq mines depuis 2011.
En réponse à ces développements, le Premier ministre Hichem Mechichi a appelé à des pourparlers avec les grévistes. La production doit reprendre le plus rapidement possible, notamment dans un contexte économique difficile que traverse le pays en raison de la crise financière et des répercussions de la pandémie de coronavirus.
La Compagnie de Phosphate Gafsa (CPG), dont les pertes financières se sont élevées à 480 MD à la fin de l’année 2019, souffre d’une situation financière difficile, au point de ne pas pouvoir tenir ses principaux engagements notamment, le paiement des cotisations sociales (34 MD) et de ses impôts (36 MD).
Au niveau de la production, la société a enregistré une baisse à 3,6 millions de tonnes par an, contre un volume oscillant entre 8,1 et 8,3 millions de tonnes en 2010. Ainsi, la compagnie, qui était classée cinquième à l’échelle mondiale au niveau de la production, a perdu la plupart de ses marchés traditionnels.
La Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) verse à Abdel-Basset Klifhi un salaire de 280 dollars par mois (environ 855 dinars TND), alors qu’il passe la plupart de son temps dans son café préféré, à Metlaoui, dans le sud du pays. Il fait partie des 21.000 personnes recrutées par la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) depuis la chute de l’ex-président Ben Ali en 2011.
Depuis l’économie est en crise et la CPG a perdu sa place de premier exportateur du pays. Le chômage, l’inflation et les déficits sont monté en flèche et la valeur du dinar a fondu comme neige au soleil. Les prêts du Fonds monétaire international ont permis au pays de garder un semblant de stabilité économique.
Une vague d’embauche au CPG portant ses effectifs à près de 30.000 personnes était en réalité une sorte de fuite en avant des autorités pour répondre au problème du chômage dans la région. Cependant, les blocages quotidiens des routes menant aux sites de la CPG pour demander davantage de travail continues. D’autres réclament des augmentations de salaire et se mettent souvent en grève.