Tunis, — Les autorités tunisiennes ont annoncé ce mardi enquêter sur la sortie du pays sans autorisation d’objets du patrimoine de l’époque beylicale, dont des manuscrits du XVIIIe et XIXe siècles, mis à la vente aux enchères à Paris, rapporte le journal Le Figaro.
Cent quatorze pièces d’«une grande valeur historique ont été sorties dans la deuxième quinzaine de mars 2020, sans aucune autorisation officielle et en plein confinement dans le pays», a révélé ce mardi à l’AFP Faouzi Mahfoudh, directeur de l’Institut national du patrimoine. Ces objets «n’appartiennent à aucun musée de l’Etat » : il s’agit de «propriétés privées » appartenant aux descendants d’un dignitaire beylical, a-t-il affirmé.
Dans un communiqué publié lundi soir, sur sa page Facebook, l’INP a « souhaité apporter des éclaircissements » sur cette affaire qui rappelons le a été relayée ces derniers jours par certains médias tunisiens.
La vente aux enchères de pièces appartenant à un dignitaire tunisien de l’époque beylicale aura lieu le jeudi 11 juin 2020 à 14h00, à l’hôtel Drouot à Paris.
Elle concerne la « collection d’un Dignitaire Tunisien de la Cour Beylicale – Ensemble de documents, ouvrages, souvenirs historiques et garde-robe ayant appartenu à Sidi Lahbib Djellouli (1879-1957), Caïd-Gouverneur de Kairouan, de Nabeul, et de Beja, puis Ministre de la Plume et de la Justice du Bey, conservée par son fils Ahmed Djellouli (1930-2011), puis par descendance et à divers ».
Les pièces du patrimoine tunisien figurent dans le chapitre « Noblesse et Royauté » et dont chacune d’entre elles est accompagnée d’une description détaillée sur son contenu et son histoire. Parmi elles, on cite un exemplaire du livre saint « Le Coran » de 636 pages ayant appartenu à Mohamed Moncef Bey (1881-1948) puis offert par ce dernier à Sidi Lahbib Djellouli et conservé depuis dans sa descendance directe, indique le catalogue.
Selon l’INP, « les pièces exposées n’appartiennent à aucun musée ou dépôt d’œuvres national ». Il souligne qu’il s’agit d’une « collection privée dont la plupart d’entre elles appartenaient à Ahmed Jallouli qui est décédé en 2011 ».
L’INP dit ignorer la date à laquelle ces pièces auraient quitté le territoire national, précisant qu’aucune licence à ce sujet n’a été délivrée par le Ministère des Affaires Culturelles.
Une coordination est en cours entre la direction de l’INP et l’ambassadeur représentant permanent de la Tunisie auprès de l’Unesco en vue d’empêcher cette vente aux enchères, indique la même source.
Au cas où cette initiative n’aboutit pas, « l’État tunisien pourra opter pour la voie diplomatique en vue d’acheter les pièces en question, lit-on encore. L’INP indique qu’il se réserve le droit d’engager les procédures judiciaires.