J’ai ce trésor entre les mains, j’appréhende de le commencer car j’ai peur de le finir trop vite : je me lance, j’y vais et j’avance entre les phrases, les lignes, les paragraphes… Les personnages défilent et ils sont nombreux chacun d’entre eux est unique, original, typiquement tunisien. Je pénètre dans les villas chics et cosy de la Jet Set : je découvre une vie de famille d’apparence parfaite vu le luxe régnant mais le vice et la cupidité y règnent… le père de famille est un cas à part.
De là, je m’envole et je me retrouve dans un quartier populaire avec son charme, son décor, ses meubles , tous les détails y sont, rien n’est oublié… on y rencontre la coiffeuse, la jeune fille qui travaille chez elle mais aussi le jeune home « efféminé », super gentil, régulièrement battu et écrasé par son frère ainé, un rustre qui lui reproche son manque de virilité, « sa délicatesse »…
Chez la coiffeuse, l’odeur du shampoing, de l’eau oxygénée, des colorations se mélangent aux babillages des clientes… Un peu plus loin , une jeune fille en âge de se marier se torture et refuse net de se marier avec un « type » qu’elle ne connaît pas appréhendant les années de manque d’amour et de froideur qui s’annoncent à elle… tiraillée entre son cœur qui dit Non et ses parents et sa famille qui la poussent à dire « OUI », elle hésite à entrer dans un cadre érigé et tracé par la société qui « EXIGE » que toute jeune fille de bonne famille y soit… puis la résiliation prend le pas…
Les personnages vivent leur bout de chemin ou plutôt le subissent avec des joies, des peines des larmes des regrets, des éclats de rires, des rites des rituels d’une société masculine à fond. On retrouve la Tunisie d’antan, belle, majestueuse, gaie et joyeuse mais aussi la Tunisie d’aujourd’hui, après la révolution avec ses « nouveaux riches », ces truands, ses bandits, son trafic, wel zatla… wil misiria…
On voltige d’une histoire à une autre : de la bourgeoise et son mari volage, infidèle et très complexé, au jeune coiffeur et sa famille, à la jeune apprentie qui se retrouve enceinte et qui tremble de peur et de crainte dans une société qui ne tolère pas l’arrivée de bébé hors mariage…
Dans ce récit, on retrouve un peu de moi, de nous, des autres, on rigole un coup et on pleure un peu plus loin, on les suit, on partage leur peine, on se demande ce qu’ils vont faire, on partage, on comprend, on compatit, on les admire par moment et on les méprise quelque fois, on plonge dans une Tunisie tantôt moderne, tantôt stricte, liée par le poids des traditions…
Les rencontres sont surprenantes : du cupide au gentil, du vicieux à l’arrogant, du MACHO au rigolo, sympa, généreux… à la vieille dame âgée qui collecte tout ce qu’elle trouve et le ramène chez elle, par solitude et suite à la perte de son mari.
On se sent comme un moineau qui se pose à la fenêtre d’un foyer, observe, regarde, s’interroge, ne juge pas puis qui se dirige vers une autre maison un peu plus loin où il est surpris par d’autres têtes, d’autres comportements, d’autres délires…
Ce livre est un appel à l’amour, à l’amitié, à la joie, une incitation profonde à croquer la vie à pleine dents, à rire de nos problèmes, à prendre du recul, à consacrer du temps à soi car notre temps est compté.
Ce livre est une main tendue pour nous dire : ne te laisses pas bouffer par tes problèmes et tes bobos quotidiens, profites des moments présents et « baggla liha »
Par Dorra Ben Amri