Lotfi Abdelli, vendu-vendeur de propos obscènes qui l’ont rendu célèbre auprès d’un public frustré, reprend ses tournées estivales pour faire saliver ses fans sur les entre-cuisses d’une députée. Scandalisées, les ‘bonnes consciences’ se sont soulevées contre de telles ‘spéculations honteuses’. Et en fins dégusteurs-analystes, on s’est mis à condamner le niveau lamentablement rétrograde du produit culturel qu’un faux-jeton offre à des consommateurs ignares. Ironiquement, le coronavirus aidant, on a eu gain de cause.
L’euphorie bat son plein à l’annonce de l’annulation des spectacles de l’artiste du ‘caleçon’. Je note que des ‘intellos’ bien pensants s’y sont mêlés pour féliciter encore une fois la femme tunisienne d’avoir sauvé son honneur. Tiens ! Tiens ! Je note aussi, cependant, des droit-Hommistes et des ‘péteurs’ de la liberté d’expression qui avertissent du risque du retour à la censure si on se met à condamner les artistes. La plupart de ces pseudo droit-Hommistes cachent mal leur délectation à voir Abir Moussi scandaleusement maltraitée par ce minable, le dénommé Abdelli.
Vous êtes-vous demandés pourquoi Abir Moussi, la ‘victime’ des propos indécents, ne s’est pas prononcée ? Permettez-moi d’humoriser: ‘‘Elle est la seule à connaître l’état de son caleçon, et donc refuse de réagir aux fantasmes castrés de mauviettes, tels que Abdelli et ses fans.’’
Abdelli, au fait, s’est adressé à un public qui lui ressemble. Abdelli et son public représentent la culture du ‘bas ventre’, celle d’une majorité écrasante formée des électeurs de Makhlouf, de la horde islamiste et de Jaziri, le trafiquant qui fuyait le Canada et devint député. J’ajouterai sans réserve à ce public un bon nombre de nos ‘médiocrato-arabo-nationalistes’.
Bref, le pire dans tout cela consiste en l’impensable attitude des ‘bonnes consciences’ mentionnées ci-dessus qui trouvent le temps de se chamailler pour défendre ou de s’indigner contre un vaurien (Abdelli) et qui ne lèvent pas le petit doigt depuis 10 ans contre les frèro-islamistes qui lapident le pays, contre les terroristes qui multiplient le nombre des martyrs et piétinent notre dignité. Va-t-on encore me jeter à la figure l’excrément des urnes ?
Tout cela pour nous dire que même mon hystérie bat de l’aile à force de témoigner inutilement. La Tunisie perd ses charmes et sa fraîcheur millénaire. Elle devient un théâtre pour truands où le vagabondage fait loi et raison d’être. Oublions, donc, ‘le caleçon’. Qui serait prêt à descendre dans la rue pour un ultime soulèvement national massif sous le slogan ‘DÉGAGEZ, TORCHONS !’ ?
Par Abdennebi Ben Baya