Et il a des chances de l’emporter. Non pas parce qu’il est compétent, patriote et politicien hors pair, mais parce qu’il sait s’y prendre et sait pleurer et rire quand il faut.
Nabil Karoui est un produit médiatique qui plait à ceux qui suivent les feuilletons à l’eau de rose et les niaiseries télévisuelles. Il sait aussi vendre de la parlotte où se mélangent les sentiments d’un « père brisé », d’un « homme d’affaires envié » et surtout d’un bienfaiteur dont le cœur est plus grand que le reste du corps.
Malin, manipulateur et arnaqueur sentimental et socio-professionnel, il a réussi à se tailler un statut de pestiféré du système et a avoir la sympathie des Tunisiens crédules, paresseux et sans imagination.
Le comportement des politiques qui n’ont cessé de taper à la porte de sa télévision pour montrer leur gueule enfarinée et tenter de se faire une notoriété a achevé sa mise en orbite pour les devancer tous et rafler la mise.
Le paysage exécrable de la vie politique tunisienne favorise l’hypocrisie dont il est passé maitre en la matière. La barbe de piété et la ballouta de la liberté ont fait de lui le candidat « idéal » pour une Tunisie qui se cherche entre conservatisme et modernité et qui, faute de culture et de réflexion, croit au « père Noël » local et qui sera très vite leur père fouettard !
Du trabrib à la lecture publique du coran, il a réussi à séduire et a se mettre dans la poche la Tunisie de petites gens et des opportunistes.
Mais Nabil Karoui ne se présente pas aux élections pour venir en aide de la veuve et de l’orphelin, du laisser-pour compte et du chômeur, du malade et du malheureux, il le fait pour son propre compte, pour effacer ses ardoises et pour « tuer » Youssef Chahed contre qui il est entré en guerre sans merci.
La Tunisie est le dernier de ses soucis, ses affaires d’abord quitte à pleurer une année entière devant une femme à qui il a offert 2 litres d’huile et une robe 52, alors qu’elle met du 36, qu’il n’avait jamais payés, pour entendre « yarham khalil » et s’assurer son bulletin de vote.
Nabil Karoui, petit Berlusconi, populiste et hélas, populaire est un danger imminent pour la Tunisie. Ce danger a été créé, nourri et façonné par des politiciens boudourou sans scrupules, souvent voleurs, sans éducation, sans programme et sans compassion. Voter pour lui, c’est vivre dans le KK et l’avoir dans le cu…!
Par Ali Gnnoun, universitaire et chercheur à la faculté de Montpellier II