Pardon car nous ne méritons pas ton héroïsme, nous ne méritons pas ta détermination, nous ne méritons pas ton honnêteté et nous ne méritons pas de vivre après ton départ. Nous avons laissé les vautours décider pour nous, les minables nous gouverner et les imbéciles penser à notre place.
Nous avons utilisé ton nom sans jamais épouser tes idées. Nous étions lâches, naïfs et hésitants. Nous avons laissé s’installer la médiocrité parmi nous, nous avons confié notre destin à des criminels multi-origines et multi-vices. Pardon Chokri, nous avons les larmes généreuses mais l’oubli facile. Nous croyons au miracle sans le travail et au succès sans l’investissement.
Tu étais le lion qui ne craignait personne, nous sommes un petit peuple de poules mouillées qui a peur de son ombre. Nous parlons pour parler, pour passer le temps, pour faire semblant que l’on existe, tu parlais pour changer le cours de l’histoire et pour donner un sens à notre vie. Tu nous aimais mais nous n’avons pas pu t’aimer, non pas parce que nous te délestons mais par ce que nous sommes « bagrallah fi zar3 Allah », « naklou fil 9out wnestannaw fil mout ».
Nous errons sur cette terre et nous supportons l’insupportable par peur ou par inconscience. Tu es mort pour que l’on vive, mais nous sommes en train de mourir à petit feu. Nous sommes davantage chômeurs, davantage ignares et davantage incultes. Nous aboyons plus mais nous ne mordons personne.
Pardon Chokri, tu étais notre héros et tu le resteras toujours, mais nous ne méritons pas ton engagement car nous nous sommes définitivement désengagés de tes principes et de ton combat. Demain peut être, j’écrirai autre chose pour que tu sois enfin fier de nous. J’attends demain, je rêve de demain ! Repose en paix!
Par Ali Gannoun, Universitaire