Paris, (Reuters) — Plusieurs milliers de personnes se sont réunies samedi à Paris pour dénoncer les violences policières et les comportements racistes à l’appel de la famille d’Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans mort en 2016 dans des conditions controversées lors d’une opération de police que ses proches comparent au décès de l’Américain George Floyd.
Selon la préfecture de police, 15.000 personnes se sont rassemblées place de la République, dans le centre de la capitale. La police anti-émeute a procédé à des tirs de gaz lacrymogène pour empêcher notamment certains manifestants de quitter la place pour se rendre jusqu’à l’Opéra Garnier, un parcours interdit par la préfecture.
Les personnes réunies ont écouté Assa Traoré lors d’une prise parole au cours de laquelle elle a rappelé les circonstances du décès de son frère.
« Il y a eu la mort de George Floyd, cette mort a fait écho directement avec la mort de mon petit frère en France. Et c’est surtout de dire: ce qui se passe aux États-Unis, il se passe exactement la même chose en France. Nos frères meurent », a déclaré Assa Traoré.
« Depuis le 2 juin, la France reconnaît qu’il y a du racisme, ils reconnaissent qu’il y a du racisme en France dans la police française, dans la gendarmerie française. »
Le rassemblement a été perturbé par le déploiement d’une banderole appelant à la “justice pour les victimes du racisme anti-blanc” par des militants se réclamant du mouvement Génération identitaire.
Adama Traoré est mort en juillet 2016 dans une caserne de gendarmerie de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise).
Ses proches soutiennent qu’il a péri asphyxié au cours de son immobilisation par des gendarmes et se disent victimes d’un « déni de justice ».
Ils voient un parallèle avec la mort de George Floyd la semaine dernière lors de son interpellation par des policiers de Minneapolis, qui a provoqué à travers les États-Unis un vaste mouvement de colère contre les violences policières contre des Noirs, émaillé d’incidents violents à travers les États-Unis.
Des manifestations ont eu lieu dans d’autres pays samedi, notamment dans plusieurs villes d’Australie, à Taipei, à Zurich et à Londres.
Face aux accusations de violences et de racisme visant la police française, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a annoncé lundi l’abandon de la technique controversée d’interpellation « par étranglement » et évoqué une suspension systématique des fonctionnaires de police en cas de “soupçons avérés” d’acte ou de propos raciste.
Ces propos ont provoqué une fronde des policiers contre l’attitude du gouvernement à leur égard dans un climat qu’ils qualifient de « haine anti-flics ».
Christian Lowe; version française Nicolas Delame et Gilles Guillaume