Tunis, 20 juillet (Xinhua) — L’éventuelle baisse du taux directeur de la Réserve fédérale américaine (FED), rapportée par plusieurs médias internationaux, « n’aura aucun impact positif sur la dette tunisienne libellée en dollar américain, tant qu’elle n’est pas transmise aux taux longs », a commenté vendredi l’analyste économique tunisien, Moez Laabidi, dans une déclaration de presse à Tunis.
Pour l’expert tunisien, « si la Tunisie s’endette en dollar, le taux d’intérêt de référence appliqué à l’emprunt est celui à long terme (…) or la baisse attendue est celle à court terme : un impact positif sur la dette tunisienne reste conditionné à la transmission de cette baisse, aux taux longs américains, » (taux sur les bons de trésor américains).
« Une fois la baisse du taux directeur de la FED se traduit par une baisse des taux longs, elle pourrait avoir un effet positif sur la dette tunisienne ou encore sur les prochaines sorties (de la Tunisie) en dollar », a-t-il souligné.
Cependant, « cette transmission est loin d’être mécanique vu le poids des bons de Trésor américains détenus par les banques centrales asiatiques et, force sera de rappeler à ce niveau que l’essentiel de la dette tunisienne est en euro », a-t-il estimé.
« Sur le marché des devises, la baisse du taux directeur américain va rendre les placements en dollar – à l’échelle internationale – moins attractifs par rapport aux autres devises pour ainsi observer une certaine dépréciation par rapport à l’euro sur le marché de change », s’est exprimé M. Laabidi.
D’un autre côté et dans le cas où cette baisse impactait significativement le taux sur le marché de change, « il faut s’attendre à ce qu’elle permette d’alléger la facture des importations de matières premières dont la majorité est indexée en dollars (céréales, pétrole, etc), cela aura probablement un effet positif sur la balance commerciale et sur le budget de l’État notamment la baisse de la part consacrée à la compensation », a-t-il expliqué.
En revanche, l’analyste tunisien a insisté sur le fait que les effets positifs escomptés « sont encore précaires puisque l’assouplissement monétaire attendu n’ait qu’une suspension dans un cycle de resserrement lancé depuis quelques années par la FED ».
« Quant aux autorités tunisiennes, a-t-il ajouté, elles gagneraient à miser plutôt sur l’amélioration des fondamentaux économiques, après quoi on peut espérer un réel rétablissement et un véritable rebond de notre économie ».