Tunis, 28 décembre (Xinhua) – Le président Béji Caïd Essebsi a annoncé vendredi la reprise officielle des concertations entre le gouvernement de Youssef Chahed et la puissante centrale ouvrière, l’UGTT (Union générale tunisienne du Travail).
L’annonce a eu lieu à l’issue d’une réunion au Palais de Carthage (banlieue nord de Tunis) avec M. Chahed, le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, le président de l’Assemblée des représentants du peuple Mohamed Ennaceur, en présence de certains responsables de partis politiques influents.
« Toutes les parties participant à cette réunion sont convenues de déployer davantage d’efforts pour pouvoir dépasser l’actuelle crise et faire couronner les négociations sociales par des résultats positifs », a souligné M. Essebsi à l’issue de la réunion.
Le chef d’Etat tunisien pense que « »a situation actuelle en Tunisie nécessite plus que jamais la suprématie de l’intérêt suprême de la nation et de bien éviter tout type de calculs partisans ».
Il a insisté sur l’impérative d’aboutir à des solutions concrètes et profondes à la crise socio-économique actuelle via des mesures « audacieuses » susceptibles de récupérer le capital de confiance et d’espoir auprès des Tunisiens, préserver le processus de transition et surtout immuniser le pays contre des « menaces potentielles » dont l’effondrement économique et la menace terroriste.
Le président a reconnu, lors de cette réunion exceptionnelle à la lumière de sa composition, la délicatesse de la conjoncture politique et socioéconomique de son pays avec des tensions en apogée et un paysage politique explosif qui pourrait influencer la stabilité sécuritaire du pays.
Sur le plan socio-économique, la Tunisie vit actuellement une situation des plus embarrassantes durant les sept dernières années avec un bras de fer « indécis » entre le gouvernement de Youssef Chahed, déjà soucieux quant aux équilibres financiers de son pays, et la puissante centrale syndicale (UGTT) autour des majorations salariales.
En effet, après une dernière réunion échouée le 26 décembre courant, l’UGTT vient d’espérer conclure un accord avec le gouvernement de Yousef Chahed portant sur les augmentations salariales dans la fonction publique et le secteur public et ce, avant le 17 janvier prochain, date prévue pour une grève générale dans ces deux secteurs.
Lors d’une conférence des cadres syndicaux de l’Union régionale du travail à Tunis, Noureddine Taboubi a regretté voir les Tunisiens les moins bien payés dans le monde se référant au classement des salaires par pays dans lequel la Tunisie occupe la 102 ème position sur un ensemble de 115 pays.
« On ne peut parler ni de productivité ni de valeur du travail face à pareil constat… il n’y a pas assez d’alternatives : poursuivre l’action de militantisme en dépit des tentatives visant à diaboliser l’UGTT », a souligné le secrétaire général de l’UGTT.
Pour certains analystes tunisiens, ce bras de fer entre la centrale syndicale et le gouvernement de Youssef Chahed pourrait dégénérer pour rompre avec des revendications socioéconomiques légitimes et faisables sur les moyen et court termes en arrivant à une demande plus « radicale » qu’en est : « faire tomber Chahed et son gouvernement ».