Tunis, (Xinhua) — La décision d’un confinement total de la population, prise par le Conseil de sécurité nationale et déclarée par la présidence de la République, invite les Tunisiens à rester chez elle, pour stopper la propagation du virus. « Ce qui nous permettra d’effectuer aussi le plus grand nombre de tests de dépistage du coronavirus, soit environ 10.000 analyses », a souligné le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, lors d’un discours télévisé dans la soirée de samedi à dimanche, pour rassurer ses compatriotes et expliquer les nouvelles mesures.
#Tunisie #Coronavirus#Discours du 1er min qq h avant la quarantaine.
⁰“Les citoyens ne peuvent sortir qu’en cas d’extrême nécessité, besoins médicaux, alimentaires et ceux qui doivent travailler”.
15% des employés du public assureront la continuité des établissements étatiques— Michel Picard (@PicardPress) March 21, 2020
« Ceci va permettre aux autorités compétentes de détecter, de manière précoce, les éventuelles tendances possibles de la propagation de cette épidémie, pour ainsi être bien préparé à tous les scénarios, toujours à titre préventif », a-t-il assuré. Selon M. Fakhfakh, « la mise en quarantaine globale est une décision difficile, certes, la délicatesse de la situation nous oblige à vivre avec et traiter toutes les hypothèses, d’autant que cette guerre nous contraint à faire preuve de sagesse, de responsabilité et de discipline ».
Il a insisté sur le fait que « le confinement total est une mesure préventive qui oblige les gens à prendre soin des catégories les plus vulnérables (…) il n’y aura pas de raison de quitter la maison sauf nécessité majeure, (…) à quelques exceptions près ». Dans ce sens, le chef du gouvernement tunisien a précisé que 15% de la population tunisienne sera exemptée du confinement total ou encore du couvre-feu (18h-6h), soit environ un million et demi d’employés et fonctionnaires, « qui poursuivront leur travail pour garantir à la fois la continuité de l’Etat et la bonne application de la quarantaine globale ».
D’après M. Fakhfakh, la protection de la population, la préservation des postes d’emplois ainsi que l’immunisation des entreprises demeurent les trois objectifs prioritaires de l’actuelle étape à la lumière de la propagation du COVID-19 aussi bien sur le plan international que sur le plan local, où 60 cas positifs ont été confirmés à la date du 21 mars. « Pour atteindre ces objectifs de protection des individus, des lieux de travail et des institutions, nous avons décidé des mesures exceptionnelles qui coûteront environ 2,5 milliards de dinars (854,5 millions de dollars) », a révélé le chef du gouvernement tunisien.
Parmi les nouvelles mesures dédiées aux particuliers figurent l’ouverture d’une ligne de financement de 300 millions de dinars (102 millions de dollars) pour aider les travailleurs qui seront au chômage technique, ainsi que l’allocation de crédits financiers exceptionnels de 150 millions de dinars (51 millions de dollars) au profit des catégories vulnérables et à faible revenu et des groupes à besoins spécifiques, accordés sous forme de subventions.
M. Fakhfakh a également annoncé le report du remboursement des échéances de crédits bancaires pour une période de six mois pour les salariés dont le revenu mensuel ne dépasse pas 1.000 dinars (341 dollars). « Quant aux institutions économiques, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME), et les acteurs économiques du secteur privé (personnes physiques et indépendants) affectés par le ralentissement de leurs activités, voire par le risque de faillite, nous avons conçu une batterie de mesures exceptionnelles pour réduire la charge financière et leur fournir les liquidités nécessaires », a indiqué le chef de la primature tunisienne.
Il s’agit par exemple de reporter le paiement des impôts et de la cotisation à la sécurité sociale du deuxième trimestre de trois mois à partir d’avril 2020, de reporter le salaire des dettes bancaires et des institutions financières pour une période de six mois, de planifier les dettes fiscales et douanières pour une période de sept ans, de mettre en place une ligne de garantie de 500 millions de dinars (171 millions de dollars) pour permettre aux institutions de solliciter de nouveaux prêts pour l’aménagement et les travaux, et de récupérer l’intérêt lié à la taxe sur la valeur ajoutée dans un délai maximum d’un mois.
Les nouvelles mesures incluent la création de fonds d’investissement d’un montant total de 700 millions de dinars (239 millions de dollars) pour structurer et capitaliser les institutions « sinistrées » tout en permettant aux entreprises totalement exportatrices d’augmenter le taux de commercialisation sur le marché local de 30% à 50%.
« Nous avons également décidé d’exempter de pénalités de retard les entreprises ayant obtenu des marchés publics dont la mise en œuvre a été entravée en raison de la crise COVID-19, pour une période maximale de six mois, et de fournir des crédits supplémentaires de 500 millions de dinars (171 millions de dollars) pour soutenir le stock stratégique de médicaments, de nourriture et de carburant », a détaillé M. Fakhfakh.
« Notre pays fait face à cette crise avec des capacités (…) modestes, mais on arrivera à dépasser l’onde du choc grâce à un esprit solidaire (et) une approche efficace (…). La bataille se poursuivra (…). Grâce (à des) efforts considérables, à la sagesse et une profonde croyance en la capacité de notre pays à résister et à réussir, nous gagnerons et nous atteindrons le bout du tunnel ».
Le ministère de la Santé a déclaré, hier mardi, 25 nouveaux cas de COVID-19, portant à 114 le nombre total de cas confirmés dans le pays. Sur les 114 cas, 39 sont des cas locaux et 75 sont des cas importés, selon un communiqué du ministère.
Le premier cas confirmé le 2 mars s’est rétabli, tandis que trois autres décès dus au coronavirus sont signalés, indique le communiqué. Plus de 15 952 personnes ont été placées en quarantaine en Tunisie, dont 5 438 ayant achevé la période de quarantaine. Selon les chiffres du ministère, les gouvernorats de Tunis et d’Ariana dans le nord de la Tunisie sont des zones les plus touchées avec respectivement 34 et 20 cas.