Plus de 1.500 étudiants en médecine et internes ont manifesté lundi à Tunis pour protester contre une réforme qui repousse de plusieurs années la délivrance d’un diplôme, les privant selon eux de formations cruciales à l’étranger.
« Diplôme en otage », « Formation endommagée = patients en danger », pouvait-on lire sur les banderoles des protestataires réunis devant le ministère de la Santé, dans un pays où la santé publique fait face à des difficultés chroniques, notamment par manque d’investissements.
« Sans diplôme, on ne peut pas faire de stage ou formations à l’étranger or en Tunisie, dans un certain nombre de spécialités comme la radiothérapie ou la médecine nucléaire, on exerce avec des méthodes des années 1990 », a déploré Aymen Bettaieb, de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM).
La réforme qui suscite la colère repousse la délivrance du diplôme de médecin à la fin des spécialités, soit au bout de dix à onze ans d’étude. Les protestataires réclament qu’un diplôme continue à être délivré à l’issue des sept ans du tronc commun de formation.
En outre, en raison de failles dans la réforme, aucun mécanisme n’est prévu pour délivrer de diplômes aux internes achevant leurs études de médecin généraliste cette année, et ne s’orientant pas vers une spécialisation.
« En décembre, toute une promotion va se retrouver sans diplôme, au chômage, il faut régulariser cette promotion et les suivantes », a plaidé M. Bettaieb.
Les internes, en grève depuis début février, mais qui assurent malgré tout les urgences et les gardes, envisagent d’élargir leurs actions.
Ils ont obtenu après 33 jours de grève, la publication dans le journal officiel la semaine passée d’un texte fruit de sept ans de tractations, qui leur donne un statut précis, et leur garantit notamment des repos compensateurs de sécurité.
La Tunisie, où les hôpitaux publics souffrent de problèmes de gouvernance, de corruption et de manque d’investissement, fait face à des départs massifs vers l’étranger de jeunes médecins en fin de formation.
L’Ordre de médecins a indiqué dans la presse que près de la moitié des nouveaux inscrits en 2017 avaient obtenu le document nécessaire pour exercer hors de Tunisie.
L’Algérie voisine fait aussi face à un mouvement de protestation de ses jeunes médecins résidents, dont certains sont en grève depuis quatre mois pour protester contre le « service civil » qui les oblige à exercer dans des zones parfois reculées.