Tunis, — La scène culturelle et artistique tunisienne vient de perdre, aujourd’hui, la célèbre chanteuse et l’icône de la chanson Naama est décédée à l’âge de 86 ans.
La petite Halima a grandi dans une famille de mélomanes, sa mère Khédija Bent Boubaker chantant durant les travaux ménagers alors que son père Laroussi est un chanteur réputé dans le village d’Azmour au Cap-Bon.
Après la mort de sa sœur Fatma et le divorce de ses parents alors qu’elle a six mois, elle part pour Tunis en compagnie de sa mère et s’installe chez des amis de son oncle dans la Médina.
Elle fréquente alors la demeure de Béchir Ressaïssi, représentant des disques Baidaphon, où elle assiste aux répétitions des artistes tunisiens de l’époque. Mariée à l’âge de seize ans à un notaire âgé de 29 ans, Abed Dérouiche — dont elle a deux garçons et une fille.
Elle s’oppose à sa famille sur ses projets de carrière artistique ; elle chante dans des soirées privées données dans son voisinage.
Au milieu des années 1950, elle rejoint le groupe de la « Rachidia » où Salah El Mahdi, qui la prend sous sa coupe après avoir entendu l’une de ses prestations, lui donne un nom artistique sous lequel elle est connue depuis ; il lui compose également une première chanson sur des paroles de Mohamed Jamoussi, « Ellil ah ya lil jit nechkilek ».
Il la fait se produire lors des concerts de l’institution diffusés à la radio nationale. Le premier concert public que Naâma anime est organisé à la ville de Sfax.
Elle se fait vite connaître à travers le pays puis au Maghreb où elle donne plusieurs concerts. Elle devient peu à peu la muse de plusieurs compositeurs tunisiens comme Boubaker El Mouldi, Mohamed Triki, El Mahdi, Ridha Kalaï, Ali Riahi, Kaddour Srarfi et Chedly Anouar.
Une fois sur scène, elle dégage une énergie communicative par ses chansons chargées de poésie populaire. Avec Oulaya, elle incarne les aspirations d’une jeunesse en quête de nouvelles mélodies.
Si Oulaya préfère partir pour Le Caire, à la recherche d’une reconnaissance au Moyen-Orient, Naâma reste fidèle à son public tunisien. Le répertoire de Naâma comprend plus de 500 chansons dont plusieurs poèmes mis en musique.
La rédaction de Tunis Tribune présente ses sincères condoléances à sa famille. « Puissent ces quelques mots vous apportera un peu de réconfort et vous aider à traverser les moments difficiles. »