Le kiosque à tabac de Menzah VI, celui qui se situe à quelques mètres de l’entrée du Monoprix d’El Menzah Palace, en face de l’esplanade Chokri Belaïd, vient de reprendre son activité comme si de rien n’était, et ce, à la suite des travaux d’extension réalisés en catimini et à une vitesse prodigieuse durant les weekends et les après-midi, profitant de la séance unique de la saison estivale et comptant mettre tout le monde devant le fait accompli.
Je crois qu’il est grand temps de se diriger vers le kiosque à tabac d’El Menzah VI avec un gros bouquet de fleurs à la main pour présenter ses plus chaleureuses félicitations au propriétaire du kiosque, Haj Faouzi, et déposer un baiser sur son front. En effet, ce monsieur nous a fait prendre conscience que ce pays est définitivement passé aux mains des crapules.
Les élus locaux et les habitants en colère des Menazah, soutenus par la société civile et par des représentants démocratiquement élus dans l’exercice de leurs fonctions, n’ont pu mettre fin aux exactions d’une fratrie de voyous. L’humiliation qu’ils infligent aux élus locaux et aux habitants de toute une agglomération demeure toujours impunie.
Aujourd’hui, les exécuteurs des basses œuvres, les gens rompus aux sales besognes, les anciens indics, sont capables d’occuper illégalement un trottoir situé au cœur d’un quartier huppé, en faisant par surcroît un pied-de-nez à tout le monde, notamment aux habitants du quartier – pour qui le lieu est symbolique – et sous le regard impuissant de l’État, incapable de mettre fin au règne de la loi de la jungle et les voyous hors d’état de nuire.
Cette affaire prouve que les réclamations pacifiques des citoyens sont stériles dans ce bled et que l’on arrive à narguer les autorités et à mettre en échec leurs efforts avec une bonne dose de culot. Cette affaire démontre également que l’État tunisien est miné par le clientélisme et que la corruption qui sévit au sein de ses institutions est devenue incurable.
Aujourd’hui, ceux qui veulent agir en toute impunité et couler un bronze sur les habitants de toute une région, y compris sur leur société civile et leurs élus locaux, savent ce qu’il leur reste à faire : il suffit d’avoir des complices dévoués au sein du Ministère de l’Intérieur et de la police municipale et un frère député de Nida Tounès qui porte le nom de Hassan Aamri.
Par Pierrot Le Fou