L’instance, chargée de réguler le secteur audiovisuel en Tunisie, s’est inquiétée vendredi d’un possible recul de la liberté d’expression au sein des médias publics en citant des « ingérences » du gouvernement, ce qu’un haut responsable a démenti.
« Il y a des signes dangereux qui prédisent un recul de la liberté d’expression », a déclaré à l’AFP Hichem Snoussi, membre de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), après une conférence de presse.
« Il faut que le gouvernement sache que l’ancien régime est fini et qu’il doit s’efforcer de mettre en place un véritable programme de réformes, basé sur les principes de la liberté d’expression et de l’indépendance des médias publics », a-t-il insisté. M. Snoussi a indiqué que la Haica avait « été informée d’ingérences » du gouvernement par l’ancien PDG de la télévision publique, Elyes Gharbi, limogé en juin.
Le président de la Haica, Nouri Lajmi, a lui déploré la couverture selon lui démesurée accordée par la télévision publique à certains évènements, en allusion à une récente visite du chef de l’Etat à Sousse (centre-est).
Il arrive de plus en plus souvent que la télévision « donne la parole à des gens d’un seul parti et ce, alors que nous sommes aux portes (d’élections municipales prévues en mars). Il ne faut pas croire que nous soyons stupides », a lancé M. Lajmi.
Contactée par l’AFP, une source gouvernementale a démenti toute intervention.
« Il n’y a aucune ingérence. Au contraire, nous voulons renforcer la liberté des médias. S’il y a des preuves, qu’ils nous les fournissent », a dit cette source qui a requis l’anonymat.
Les médias tunisiens étaient totalement muselés sous la dictature de Ben Ali, balayée en 2011 par un soulèvement populaire dont le principal acquis est, de l’avis général, une liberté d’expression sans précédent dans le pays.