Le Front populaire, coalition de l’opposition tunisienne, a appelé mardi à la poursuite du mouvement de contestation contre le budget 2018, considéré comme « injuste ». Des affrontements ont éclaté lundi dans plusieurs villes de Tunisie entre la police et des manifestants qui protestaient contre le chômage, l’inflation et la création de nouvelles taxes et hausses de prix dans le cadre de ce budget.
Ces accrochages ont fait un mort à Tébourba, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de la capitale, Tunis. Selon le ministère de l’Intérieur, 44 personnes ont été interpellées à travers le pays pour port d’armes blanches et divers faits de violence. « Ce qui s’est produit n’a rien à voir avec la démocratie ou des manifestations contre des hausses de prix », a dénoncé Khelifa Chibani, porte-parole du ministère.
« Hier, des manifestants ont incendié deux postes de police, ils ont pillé des magasins, des banques et endommagé des biens publics et privés dans de nombreuses villes ». Confronté à la baisse de la fréquentation touristique et des investissements étrangers, le gouvernement tunisien dit n’avoir d’autres solutions que ces hausses de prix pour tenter de réduire le déficit public et satisfaire aux exigences des partenaires financiers de Tunis, Fonds monétaire international (FMI) en tête qui a négocié l’an dernier une ligne de crédit de 2,8 milliards de dollars en échange de réformes économiques.
Mais l’entrée en vigueur, le 1er janvier, de ces hausses portant notamment sur les carburants, les ventes de voiture, les services de téléphonie et d’accès à internet ou les nuitées en hôtel a débouché sur un mouvement de contestation. La chute du dinar tunisien, qui est passé lundi pour la première fois au-dessus du seuil symbolique de trois dinars pour un euro, accentue les difficultés.
« Aujourd’hui, nous avons une réunion avec les partis d’opposition pour coordonner notre mouvement, mais nous resterons dans la rue et nous allons manifester encore plus fort jusqu’à ce que cette loi de finances injuste soit retirée », a déclaré à la presse le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami.
L’opposition accuse le gouvernement conduit par Youssef Chahed de cibler injustement les pauvres et les classes moyennes par ces mesures d’austérité. Le Premier ministre a pour sa part lancé un appel au calme, annonçant une amélioration de la conjoncture économique cette année.
Admettant le droit de ses compatriotes à manifester, il a en revanche déclaré que les violences étaient inacceptables. « Les gens doivent comprendre que la situation est exceptionnelle et que notre pays est confronté à des difficultés, mais nous pensons que 2018 sera la dernière année difficile pour les Tunisiens », a-t-il dit.