Le juge d’instruction près le Pôle judiciaire et financier a émis, vendredi, un mandat de dépôt contre Ali Griri, un des plus gros barons de la contrebande de cigarettes entre l’Algérie et la Tunisie, assigné à résidence depuis plus de deux mois, a indiqué le porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis Sofiène Selliti.
« Le juge d’instruction a ordonné, jeudi, de placer Ali Griri en garde à vue », a-t-il encore souligné dans une déclaration à l’agence Tunis Afrique Presse ajoutant que le ministère public s’est saisi de l’affaire en coordination avec la Direction des enquêtes douanières. D’après M. Selliti, une information judiciaire a été ouverte pour crimes douaniers et blanchiment d’argent.
Ali Griri, originaire de de Kasserine a été interpellé au mois de mai dernier dans le cadre d’une opération anticorruption lancée par le chef du gouvernement Youssef Chahed.
Plusieurs personnes, parmi lesquelles des personnalités du monde des affaires ont été arrêtées et assignées à résidence pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » et « corruption » dont les hommes d’affaires Chafik Jarraya, Yassine Chennoufi et Nejib Ben Ismaïl.
Après des années d’incantations par les gouvernements successifs, Youssef Chahed a subitement fait procéder, dès le mois de mai, à une dizaine d’interpellations impliquant hommes d’affaires, contrebandiers présumés et même un ancien responsable de la sécurité. Les biens de plusieurs ont été gelés.
Si la démarche a suscité l’espoir d’une vaste opération « mains propres », six ans après la révolution, le mutisme quasi absolu des autorités.
« Notre but est de mettre en pièces les systèmes de la corruption. […] La lutte anticorruption est une guerre continue, de longue haleine, a rétorqué Youssef Chahed dans un entretien aux médias. J’entends certains dire que c’est une campagne. Non, nullement, il s’agit plutôt d’une politique d’État […] La corruption chez nous est généralisée. »
Depuis la première arrestation de l’homme d’affaires Chafik Jarraya, célèbre pour ses liens avec le monde politique et médiatique, le rythme de ces interpellations s’est ralenti. Assurant être en « harmonie » avec le président Béji Caïd Essebsi, le premier ministre a toutefois promis que sa « guerre anticorruption »« ne protègera(it) personne ». Les individus interpellés sont « de gros poissons » et « il y aura d’autres arrestations », a-t-il assuré.