Tunis — Un plan visant à attenter à la vie de la dirigeante du Courant Populaire (CP), Mbarka Awainya, a été déjoué après l’arrestation d’un élément terroriste par les unités des services spéciaux de la sécurité nationale, apprend-on, vendredi, auprès du porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Hayouni.
« Mbarka Awaynia a été informé de ce plan, en coordination avec le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, et des mesures ont été prises pour assurer sa protection et sa sécurité », a-t-il précisé.
Le porte parole du ministère de l’intérieur a affirmé qu’il a déjoué un attentat visant à assassiner Mbarka Aouayniya, la veuve du martyr Mohamed Brahmi. pic.twitter.com/Vu6Wpi0uyS
— 🇹🇳مهدي☆Mehdi🇹🇳 (@Le_M_4) January 17, 2020
Le Courant Populaire a annoncé également, dans une déclaration adressée à l’opinion publique nationale vendredi soir, que les services de sécurité « ont déjoué un plan visant à assassiner Mbaraka Brahmi », veuve de l’homme politique tunisien Mohamed Brahmi, assassiné le 25 juillet 2013, alors qu’il était coordinateur général de ce mouvement qui s’inscrit dans la mouvance du socialisme et du nationalisme arabe.
Le parti a mis en garde contre la « gravité de la situation, exacerbée par la violence et l’escalade », et a appelé le peuple tunisien et ses forces vives à « être prudents et unis face aux tentatives de ramener le pays à la violence », tout en valorisant les efforts des services de sécurité dans la lutte contre le terrorisme.
Mohamed Brahmi, député de l’ANC très critique envers les islamistes d’Ennahda au pouvoir, a été assassiné le 25 juillet 2013 de quatorze balles par deux hommes en scooter devant chez lui, dans le quartier résidentiel d’El Ghazala à Tunis.
La mort de cet opposant laïque a suscité depuis des manifestations parfois violentes à travers le pays. Un manifestant a été tué dans la nuit de vendredi à samedi à Gafsa, dans le Sud, et une bombe a explosé dans une voiture de police à Tunis, sans faire de victime.
Selon la radio Mosaïque FM le meurtre a eu lieu devant son domicile. Le corps a était ensuite transporté à l’hôpital Mahmoud-El Materi puis vers l’hôpital Charles-Nicolle pour une autopsie. D’après un témoignage de sa fille, transmis, les tueurs seraient deux personnes circulant sur une moto de type Vespa.
Consécutivement à l’assassinat, des manifestations ont lieu à Tunis et Sidi Bouzid, où est né Mohamed Brahmi et d’où est partie la révolution de 20119 après le suicide de Mohamed Bouazizi. L’Union générale tunisienne du travail annonce une grève générale pour le lendemain, la troisième de son histoire, « contre le terrorisme, la violence et les meurtres ». Le 26 juillet 2013, des centaines de manifestants demandent le départ du gouvernement ; il en est de même du parti L’Initiative, qui annonce également le retrait de ses représentants à l’assemblée constituante.
L’assassinat fait par ailleurs l’objet de plusieurs réactions internationales. Il est condamné par Navi Pillay, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, qui souligne la similitude avec la mort de Chokri Belaïd, dont « les circonstances de la mort n’ont pas été clairement établies ». Martin Schulz, président du Parlement européen, demande que ce meurtre ne reste pas impuni, suivi par la Suisse, la France et l’Allemagne.
Dans une vidéo rendue publique le 18 décembre 2014, l’assassinat de Mohamed Brahmi, ainsi que celui de Chokri Belaïd, est revendiqué par Boubaker El Hakim, dit Abou Mouqatel, un djihadiste franco-tunisien décédé en 2016. Boubaker El Hakim revendique personnellement son meurtre dans un entretien à la revue djihadiste Dabiq de mars 2015 : « Je l’ai tué en tirant dix balles ».
Dans la vidéo, où il apparaît avec trois autres hommes, celui-ci déclare : « Nous vous avons affrontés en Tunisie et nous avons vu en vous la lâcheté, dans le mont Châambi et dans d’autres montagnes. Oui, tawaghit [tyrans] c’est nous qui avons assassiné Chokri Belaïd et Brahmi et si Dieu le veut nous reviendrons et nous assassinerons plusieurs d’entre vous. Vous n’allez pas vivre tranquillement tant que la Tunisie n’applique pas la loi islamique ». Il appelle également les Tunisiens à prêter allégeance à l’État islamique.