L’ordre tunisien des médecins a exprimé sa « profonde inquiétude face à une pénurie de médicaments et dénoncé la lenteur des autorités à résoudre ce problème, alors qu’une administration a évoqué lundi une simple perturbation ». De nombreux Tunisiens ont exprimé ces dernières semaines leur colère sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux au sujet du manque de certains médicaments dans le pays.
Plus d’opérations à cœur ouvert en Tunisie pour cause de pénurie de protamine. Toutes les personnes concernées doivent porter plainte contre le ministre de la santé. Nos patients sont en train de mourir! #Tunisie #Penurie pic.twitter.com/ihGCaYevm8
— Emna El Hammi (@Psycke) July 28, 2018
Le Conseil national de l’ordre des médecins a exprimé dimanche dans un communiqué « sa profonde inquiétude concernant la pénurie de médicaments qui perdure depuis plusieurs mois ». « Ces ruptures d’approvisionnement, en particulier de médicaments essentiels (…), risquent d’engendrer des conséquences particulièrement néfastes sur la qualité de l’offre de soins », a ajouté le Conseil qui « tire la sonnette d’alarme et s’insurge contre la lenteur des autorités à apporter des solutions (…) à cette pénurie ».
Les médecins du secteur public en #Tunisie protestent devant le manque des médicaments , la nonchalance des responsables et la situation chaotique du secteur de la santé dans le pays en mettant des brassards noirs #Medecine pic.twitter.com/71KPIveyF8
— helmi attia (@helmiattia) July 30, 2018
Interrogé lundi par l’AFP, le PDG de la Pharmacie centrale de Tunisie, l’administration qui assure la régularité de l’approvisionnement du pays en produits pharmaceutiques, a nié l’existence d’une pénurie. « Pénurie? Pas du tout! », a affirmé Aymen Mekki. Selon lui, il y a simplement « une perturbation dans quelques références (de médicaments) importées par des laboratoires étrangers qui n’ont pas été payés ». « Mais nous disposons d’un stock de médicaments stratégiques », a-t-il assuré.
A priori les médecins de santé publique portent des brassards noirs suite à la détérioration des conditions du travail et surtout la pénurie des médicaments mettant leurs patients en danger et leurs interventions peu efficaces #Imed_hammemi #Allo #Mais_allo_quoi #Tunisie pic.twitter.com/EtwMTJHKNJ
— Chedly-Labidi 🇹🇳🇹🇳🇹🇳☮️☯️ (@labidi_chedly) July 30, 2018
« Le non paiement de ces laboratoires qui ont décidé de minimiser leur livraison » s’explique par les difficultés financières des caisses de sécurité sociale et de la Pharmacie centrale, a indiqué M. Mekki, qui a reconnu que la « perturbation s’était amplifiée ces dernières semaines, (à cause d’une période de tiraillements (politiques) dans le pays ».
Samedi, l’Association tunisienne de chirurgie thoracique, cardiaque et vasculaire avait pourtant annoncé qu’un produit indispensable dans les chirurgies à coeur ouvert, le sulfate de protamine, était « manquant ». Mais Aymen Mekki a assuré lundi que ce produit « était disponible dans trois hôpitaux publics et que la Pharmacie centrale n’avait reçu aucune réclamation de la part du secteur privé ».
En fin de semaine dernière, le ministre de la Santé Imed Hammami avait affirmé que les médicaments étaient disponibles en Tunisie. « Quand j’envoie mon chauffeur (…), il me trouve mon médicament dans la première pharmacie qu’il croise », avait-il dit sur une radio privée. Il avait ensuite été l’objet de moqueries sur les réseaux sociaux, où certains internautes lui avaient demandé le numéro de téléphone de son chauffeur afin de leur trouver des médicaments.