Paris – Dans une tribune intitulée « pour une Renaissance européenne », adressée ce lundi par l’Elysée à des médias européens, le président français Emmanuel Macron s’adresse aux citoyens du Vieux continent et détaille sa vision de l’Europe, donnant ainsi le véritable coup d’envoi du scrutin de mai prochain lors duquel sera renouvelé le Parlement européen.
« Citoyens d’Europe, si je prends la liberté de m’adresser directement à vous, ce n’est pas seulement au nom de l’histoire et des valeurs qui nous rassemblent. C’est parce qu’il y a urgence. (…) Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Europe n’a été aussi nécessaire. Et pourtant, jamais l’Europe n’a été autant en danger », a déclaré, en préambule, Emmanuel Macron, dans cette tribune transmise par l’Elysée lundi soir.
Dans un contexte migratoire toujours tendu, le président français appelle à « remettre à plat l’espace Schengen ». « Tous ceux qui veulent y participer doivent remplir des obligations de responsabilité (contrôle rigoureux des frontières) et de solidarité (une même politique d’asile, avec les mêmes règles d’accueil et de refus) », écrit-il.
Dans ce texte très attendu, qui sera publié mardi dans les colonnes de journaux de 28 pays membres de l’UE, à moins de 100 jours des élections européennes de mai prochain, le président français reprend les thèmes europhiles qu’il avait développés pendant la campagne présidentielle de 2007 et ré-endosse le costume du défenseur d’une UE menacée par la montée des partis nationalistes et euro-sceptiques.
« Nous sommes à un moment décisif pour notre continent; un moment où, collectivement, nous devons réinventer politiquement, culturellement, les formes de notre civilisation dans un monde qui se transforme. C’est le moment de la Renaissance européenne. Aussi, résistant aux tentations du repli et des divisions, je vous propose de bâtir ensemble cette Renaissance autour de trois ambitions: la liberté, la protection et le progrès », plaide la tribune d’Emmanuel Macron.
« Le repli nationaliste ne propose rien; c’est un rejet sans projet. Et ce piège menace toute l’Europe: les exploiteurs de colère, soutenus par les fausses informations, promettent tout et son contraire », assène-t-il. « Partout les citoyens demandent à participer au changement », poursuit-il, faisant allusion au grand débat national qu’il a lancé en France dans la foulée du mouvement de contestation des « Gilets Jaunes ».
Emmanuel Macron annonce d’ici la fin de l’année la mise en place d’une « Conférence pour l’Europe » regroupant des représentants des institutions européennes et des Etats, un panels de citoyens, universitaires, partenaires sociaux, « afin de proposer tous les changements nécessaires à notre projet politique, sans tabou, pas même la révision des traités ».
Il appelle à « une nouvelle feuille de route pour l’Union européenne traduisant en actions concrètes ces grandes priorités ». « Dans cette Europe, les peuples auront vraiment repris le contrôle de leur destin; dans cette Europe, le Royaume-Uni, j’en suis sûr, trouvera toute sa place », écrit-il.
Parmi les autres propositions dans cette tribune, on peut noter la création d’une « Agence européenne de protection des démocraties », l’interdiction du financement des partis politiques européens par des puissances étrangères, la mise en place d’une « supervision européenne » des géants du numérique ou encore un « pacte d’avenir avec l’Afrique ».