L’un des homicides policiers les plus choquants de ces dernières années aux Etats-Unis est entré dans son épilogue judiciaire, un ancien agent ayant plaidé coupable mardi, deux ans après avoir abattu un automobiliste noir non armé.
Michael Slager, un ex-policier blanc, échappera ainsi à un futur procès. Sa peine sera déterminée ultérieurement par un juge.
#WalterScott family very emotional after Michael Slager plea. "Justice. Justice. Justice," brother Anthony says. #chsnews pic.twitter.com/EsB2092BdH
— Andrew Knapp (@offlede) May 2, 2017
L’homicide en Caroline du Sud (sud-est) de Walter Scott, 50 ans, fauché par les balles de M. Slager alors qu’il s’enfuyait en courant après une banale infraction au code de la route, avait choqué l’opinion publique en Amérique et au-delà.
NEW: Former South Carolina police officer Michael Slager to plead guilty to violating civil rights of Walter Scott. https://t.co/ivGKN91UJ7 pic.twitter.com/F2Ebr8kPLT
— ABC News (@ABC) May 2, 2017
Cette mort en avril 2015, saisie sur une vidéo amateur, avait déclenché des manifestations, dégénérant parfois en émeutes, dans tous les Etats-Unis.
Selon l’accord de peine négociée consulté par l’AFP, Michael Slager a seulement plaidé coupable d’un chef d’inculpation fédéral, en l’espèce d’avoir de façon volontaire attenté aux droits civiques de M. Scott en exerçant une force excessive sous le couvert de ses fonctions.
Ce chef d’inculpation lui faisait encourir la réclusion criminelle à perpétuité lors de son procès fédéral qui était censé s’ouvrir dans une semaine.
Jusqu’à aujourd’hui M. Slager affirmait avoir agi en état de légitime défense, s’étant senti menacé après s’être empoigné avec M. Scott. Ayant bénéficié d’une libération sous caution, il s’est présenté libre mardi au tribunal mais en est reparti avec les menottes.
Les proches de Walter Scott ont fait savoir leur satisfaction dans une conférence de presse diffusée sur internet.
« Nous espérons qu’en acceptant sa responsabilité, Michael aidera la famille Scott dans son travail de deuil », a de son côté déclaré à l’AFP Andy Savage, l’avocat de M. Slager.
L’ancien fonctionnaire de police était également poursuivi par l’Etat de Caroline du Sud, mais la procureure locale Scarlett Wilson a annoncé dans un communiqué mardi renoncer à son action et s’en remettre au prochain verdict du juge fédéral.
DEVELOPING: Michael Slager is expected to plead GUILTY to federal civil rights charges in the death of Walter Scott: https://t.co/1ZsiK5p2CG pic.twitter.com/qI2Zwt1frK
— FOX 24 News (@FOX24Charleston) May 2, 2017
Ce dernier conserve en théorie la possibilité de condamner l’ex-policier à la peine la plus sévère – la prison à vie – correspondant à son admission de culpabilité. Mais traditionnellement dans le système judiciaire américain, les négociations de peine permettent à l’accusé d’éviter la plus lourde sentence.
Un premier procès non fédéral de M. Slager avait été annulé en décembre 2016, les 12 jurés n’étant pas parvenus à s’accorder sur le verdict.
Sur la vidéo des faits, filmée sur un smartphone par un témoin, on voyait le policier alors âgé de 33 ans tirer à huit reprises sur sa victime qui s’écartait, la touchant cinq fois dans le dos.
UPDATE: Michael Slager, fmr. police officer who killed an unarmed black man after a traffic stop, has pleaded guilty https://t.co/kgi5aqw76D
— Crime & Justice (@CrimeJusticeHLN) May 3, 2017
On lui a reproché d’avoir tenté de mettre en scène un scénario faisant croire qu’il avait agi en légitime défense. Le policier avait notamment déposé son pistolet à décharge électrique à côté de Walter Scott.
Michael Slager avait été très vite renvoyé des forces de l’ordre, une sanction rare aux Etats-Unis.
Ce drame s’est inscrit dans une série de drames impliquant des policiers américains et illustrant leur usage abusif de la force contre des Noirs.
La police de Dallas, au Texas (sud), a ainsi licencié un agent ayant tué samedi un adolescent noir de 15 ans, Jordan Edwards, d’une balle dans la tête alors qu’il quittait une soirée, selon le New York Times.
Et selon des médias américains, le département de la Justice américain a décidé de ne pas poursuivre des agents de police en Louisiane (sud) dans le cadre de la mort en 2016 d’Alton Sterling, un vendeur ambulant noir abattu par la police à Baton Rouge.
L’ONG Amnesty International USA a estimé que ce cas montre « le besoin urgent d’une révision à travers tout le pays des lois fixant quand et comment la police doit user de la force létale ».