Le 19 novembre 1977, Sadate arrive à Jérusalem pour une visite de deux jours, serrant la main à ses ennemis jurés. Il s’entretient avec le chef du gouvernement israélien et propose devant la Knesset (Parlement) une paix « juste et durable » dans toute la région.
🇮🇱🇪🇬 Pas moins de 23 versions des accords envisagés son discutées, sans compter les innombrables révisions. Les séances de travail se poursuivent jour et nuit. Le sommet frôle même la rupturehttps://t.co/em1hd1Erhn #AFP
— Agence France-Presse (@afpfr) September 15, 2018
La visite est historique, car jusqu’ici tous les contacts égypto-israéliens étaient secrets. Mais il faudra dix mois d’échanges diplomatiques ardus avant que les pourparlers ne prennent corps.
Un accord à l’arraché
En août 1978, le président américain Jimmy Carter invite son homologue égyptien Anouar al-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin à des pourparlers afin de « chercher un cadre pour la paix au Proche-Orient ».
🇮🇱🇪🇬 40 ans après les accords de Camp David, Israël et l'Egypte vivent une paix "froide", les relations diplomatiques entre Etats n'ayant pas réussi à réchauffer les sentiments de la population égyptienne envers ses voisins israéliens https://t.co/eQMrPzCwBR par @MonaAFP #AFP
— Agence France-Presse (@afpfr) September 16, 2018
Le sommet commence le 5 septembre à Camp David, résidence de weekend des présidents américains, une vingtaine de chalets noyés dans la forêt à une centaine de kilomètres de Washington. Les trois dirigeants sont entourés de leurs principaux conseillers diplomatiques et militaires.
Pendant les treize jours du sommet, Camp David est complètement isolé du reste du monde. Pas moins de 23 versions des accords envisagés son discutées, sans compter les innombrables révisions. Les séances de travail se poursuivent jour et nuit. Le sommet frôle même la rupture.
40 years later, Former President Jimmy Carter reflects on the Camp David Accords, which Israeli PM Menachem Begin and Egyptian President Anwar Sadat signed on Sept. 17, 1978. https://t.co/Wh0gls9Yyu – @Morning_Joe
— MSNBC (@MSNBC) September 17, 2018
Mais tout se joue au cours des dernières heures à l’issue d’une navette incessante de Jimmy Carter entre Sadate et Begin. Le 17 septembre, l’accolade chaleureuse entre les deux ennemis après la signature des documents de paix stupéfie le monde.
Premier traité de paix israélo-arabe
Les deux documents signés sont intitulés « Cadre pour la paix au Proche-Orient » et « Cadre pour la conclusion d’un traité de paix entre l’Egypte et Israël ». Le préambule souligne que « la base convenue pour un règlement pacifique du conflit entre Israël et ses voisins est la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies, dans toutes ses parties ».
Aux deux documents sont jointes des lettres de « clarification » échangées lors du sommet. Celles-ci confirment un désaccord total entre l’Égypte et Israël sur Jérusalem, et des divergences sur l’avenir de la Cisjordanie et de Gaza.
L’accord soulève les foudres des Arabes qui estiment que l’Égypte, porte-flambeau du pan-arabisme sous Nasser, déséquilibre les forces au Proche-Orient, et reprochent à l’accord d’ignorer l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
En novembre, le président égyptien et le Premier ministre israélien se voient attribuer le Nobel de la paix pour avoir « rompu la glace qui séparait leurs deux peuples ».
Le 26 mars 1979, ils signent à Washington le premier traité de paix israélo-arabe aux termes duquel l’Égypte récupérera la péninsule du Sinaï en 1982.
Le traité est dénoncé par les pays arabes comme une « paix séparée » et une forme de trahison, en particulier vis-à-vis des Palestiniens. Les Arabes rompent leurs relations avec l’Égypte, qui se retrouve suspendue de la Ligue arabe. Très critiqué dans son propre pays, Sadate est assassiné en octobre 1981 par des islamistes.
La politique de modération de son successeur Hosni Moubarak, qui rappelle l’ambassadeur égyptien de Tel-Aviv après l’invasion israélienne du Liban en 1982, et son manque d’empressement envers Israël tempère la colère arabe. En 1994, la Jordanie devient le deuxième pays arabe à normaliser ses relations avec Israël.