Paris — Le journaliste Jean-Pierre Elkabbach déclare sur la chaîne de télévision française d’information nationale continue CNews du groupe Bolloré et qui semble jouer en faveur de son ami Tarak Ben Ammar, actionnaire de la chaîne Nesma Tv avec le deuxième candidat retenu à l’élection présidentielle, Nabil Karoui, que « Kais Saïed est un islamiste intégriste proche des salutistes et pour la charria. »
Il ajoute : « Nous ne sommes pas en train de découvrir que la soi disante révolution du jasmin en Tunisie n’était qu’une imposture, une fiction. » Des propos dénués de tout esprit journalistique et loin d’être étayées.
Tunisie : les masques tombent ! Est-elle en route vers l’islamisme politique ?
— JP Elkabbach (@JP_Elkabbach) September 16, 2019
Pour le présentateur ElKabach « Kais Saied, est aussi pour la peine de mort, la charia et contre l’égalité homme femme, contre l’occident, contre le truc, contre le fait de parler une autre langue que l’arabe littéraire et c’est un changement total, c’est la deuxième mort de Bourguiba et Caïd Essebsi. Avec des conséquences pour le Maghreb et pour nous…»
Nicolas Fauqué, photographe professionnel français installé en Tunisie depuis 20 ans s’est offusqué sur son compte Facebook de cette intervention du natif d’Oran. « Ecoutez le scandaleux Elkabbach ce matin sur Cnews, clairement le système n’est pas encore fini, va falloir aller travailler en France », écrit il sur son compte officiel.
« Ces propos sont honteux à tous les points de vue. Tellement affirmatif, comme toujours, sur une personne qu’il ne connait pas et sur des infos reçues par son réseau, » tout en partageant la vidéo de CNews.
Alerte en Tunisie : le @partisocialiste demande la libération de Nabil Karoui pour un débat vraiment démocratique. Le PS s’inquiète de la victoire possible de l’islamisme politique : comment donner toutes ses chances à la démocratie menacée ? @Valerie_Rabault
— JP Elkabbach (@JP_Elkabbach) September 17, 2019
Cette campagne médiatique et féroce qui s’abat sur Kaïs Saïed est profondément injuste, déclare également Farhat Horchani, Professeur de Droit, ancien président de l’Association Tunisienne de Droit Constitutionnel, qui connaît très bien son collègue juriste.
Il assure que « Kaïs Saïed n’est ni salafiste ni intégriste. Il n’est pas islamiste et conservateur, comme le sont beaucoup de Tunisiens, jeunes et moins jeunes, » précise-t-il. On peut ne pas être d’accord avec certaines de ses idées conservatrices, mais on n’a pas le droit de le dénigrer, » ajoute ce professeur de droit.
« Je connais Kaïs Saïed depuis très longtemps, notamment dans le cadre de l’Association Tunisienne de Droit Constitutionnel, lorsque cette dernière était dirigée par feu Abdelfattah Amor et, après, par moi-même, » ajoute le professeur Horchani.
« Kaïs Saïed est respectueux des droits et des libertés. C’est un fervent défenseur de la légalité constitutionnelle, de la démocratie et de la forme républicaine du régime, de la force du droit positif produit par les représentants du peuple dans le cadre d’une assemblée démocratiquement élue, » poursuit M. Horchani.
« Kaïs Saïed est respectueux de la constitution de 2014, de ses articles premiers sur l’identité de l’État et deuxième sur le caractère civil de l’État et son fondement citoyen, de l’article 21 sur l’égalité entre les femmes et les hommes, de l’article 6 sur la liberté de conviction et de conscience, sur la prohibition de l’incitation à la haine et à la violence, » ajoute le professeur.
« Kaïs Saïed n’est pas l’ennemi de la liberté, ni du statut de la femme, ni des acquis du code du statut personnel, ni des minorités. Kaïs Saïed est un personnage pacifique, tolérant et généreux.
Mais Kaïs Saïed est un personnage atypique au sens propre comme au figuré. Il cultive un côté mystérieux, qui parfois suscite la suspicion. Sa campagne électorale est un cas d’école à étudier dans les Facultés de droit et de sciences politiques dans le monde.
Souvent lorsqu’il parle, il reste un peu sur la théorie et sur des choses très savantes parfois opaques ; et c’est pour cela sans doute que ses propos sont mal compris.
Maintenant il est propulsé au-devant de la scène politique. C’est un candidat qui a de sérieuses chances pour occuper la fonction suprême de la présidence de la République. Il suscite beaucoup de convoitises.
Beaucoup de jeunes et de moins jeunes posent des questions sur Kaïs Saïed. Nombre d’entre eux sont inquiets. Nombre d’entre eux aussi sont perméables aux raccourcis injustes à son égard.
« Kaïs Saïed ne peut plus maintenant se taire et cultiver le mystère et les incompréhensions qui rôdent autour de sa personne. Il a maintenant l’obligation politique de parler et de parler pour rassurer, » conclu t-il.
Selon des résultats officiels, M. Saied a obtenu « 18,4% » des voix et M. Karoui « 15,58% », a déclaré le président de l’Isie, Nabil Baffoun, lors d’une conférence de presse, hier mardi 17 septembre.