Paris – La chanteuse et actrice française naturalisée suisse Marie Laforêt est morte le 2 novembre 2019 à Genolier (Suisse) à l’âge de 80 ans. « Marie Laforêt est décédée samedi à Genolier. Sa fille vient de me l’annoncer », a indiqué dimanche 3 novembre à un journaliste de l’AFP, Dominique Segall, attaché de presse de la réalisatrice Lisa Azuelos, la fille de Marie Laforêt. Les causes de la mort n’ont pas été précisées.
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Elle commence sa carrière en 1959 en remportant le concours « Naissance d’une étoile ». Elle y décroche un rôle dans un film de Louis Malle, « Liberté ». Et c’est avec Alain Delon et Maurice Ronet dans « Plein Soleil » de René Clément qu’elle fait sa première apparition remarquée au cinéma.
Les rôles se suivent. Le réalisateur Jean-Gabriel Albicocco (1936-2001) son mari d’alors, la fait tourner dans deux de ses films : « la Fille aux yeux d’or » d’après le roman d’Honoré de Balzac et Le Rat d’Amérique, d’après celui de Jacques Lanzmann, avec Charles Aznavour.
En février 1963 elle sort son deuxième 45 tours, après la BO du film de Marcel Moussy Saint-Tropez Blues en 1960, qu’elle enregistre avec son ami d’enfance Jacques Higelin, qui va marquer sa carrière.
Les succès s’enchaînent : Frantz en 1964 (duo avec Guy Béart), Viens sur la montagne et la Tendresse en 1964, Katy cruelle et la Bague au doigt en 1965, Marie-douceur, Marie-colère, adaptation de Paint It Black, Manchester et Liverpool et La Voix du silence, version française de The Sound of Silence (1966). En 1967, Ivan, Boris et moi est un succès populaire ainsi que Mon amour, mon ami, puis fin 1968 Que calor la vida.
À la fin des années 1960, elle entame un tournant et souhaite orienter sa carrière vers des titres plus personnels et notamment puisés dans les folklores américains et européens, sorte de « world music » dont elle devient une pionnière en France. Dans cet état d’esprit, elle chante à l’Olympia en 1969 (récital gravé sur disque), à Bobino l’année suivante et au Théâtre de la Ville en 1971-72. Marquant par exemple ce moment est Le vin de l’été, version française en 1969 de Summer Wine, de Lee Hazlewood.
Cette période située entre 1968 et 1972, est sans doute la plus riche et la plus authentique sur un plan artistique, l’amenant sur les scènes du monde entier. C’est également à cette époque qu’elle signe ses textes sous le pseudonyme de Françoise They. Mais cela ne plaît pas à CBS, sa nouvelle maison de disques. Ils attendaient des tubes et des chansons légères. Marie Laforêt, elle, avait envie de berceuses yougoslaves et de rythmes brésiliens (elle travaille notamment avec Egberto Gismonti et l’Argentin Jorge Milchberg). La chanteuse signe alors chez Polydor et après un dernier album très personnel en 1972, elle décide de renoncer à ses goûts musicaux pour se laisser guider par ses producteurs et répondre aux attentes d’un public plus large.
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Plusieurs grands succès populaires marquent cependant cette période commerciale : « Viens, viens », adaptation d’un tube allemand, Mais je t’aime, L’Amour comme à 16 ans, Tant qu’il y aura des chevaux (paroles et musique de Nicolas Peyrac), en 1973, Cadeau, en 1974, adaptation du tube country No Charge, Maine-Montparnasse, en 1976, Il a neigé sur Yesterday, en 1977, chanson-hommage aux Beatles. En août 1977, elle décide d’aller s’installer en Suisse et annonce renoncer aux enregistrements, afin d’échapper à la surmédiatisation et pouvoir écrire des livres dans l’anonymat.
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Elle s’installe à Genève, en 1978 où elle tient, jusqu’en 1981, une galerie d’art, dans laquelle elle exerce aussi la profession de commissaire-priseur. Cependant, en 1979, elle revient aussi au cinéma dans « Flic ou voyou » aux côtés de Jean-Paul Belmondo et de Michel Galabru.
Après un détour par la littérature avec la publication de Contes et légendes de ma vie privée chez Stock, Marie Laforêt se consacre surtout au cinéma, en France bien sûr, mais aussi en Italie. Son rôle le plus marquant alors est dans le film argentin Tangos, l’exil de Gardel, qui obtient le prix du jury à Venise en 1985. Peu de disques sortent malgré quelques tentatives en 1982 par exemple avec Blanche nuit de satin (reprise de Nights in White Satin du groupe The Moody Blues).
Elle revient en 1993 avec un album dont elle signe tous les textes, sans pseudonyme cette fois, Reconnaissances dont sont issus deux singles : Genève… ou bien et Richard Toll. En 1994, la chanteuse publie une compilation en quatre volumes, parcourant ses 30 ans de carrière discographique. La compilation Fragile de A à Z se décline également en quatre volumes séparés (Fragile de A à H, Fragile de I à L, Fragile de L à P et Fragile de P à Z). Une compilation des meilleurs titres sort également sous le titre Éventail 1963-1993. La carrière de Marie Laforêt se poursuit pendant les années 1990 au cinéma, dont Tykho Moon d’Enki Bilal.
En 1998, son album « Voyages au long cours » contient 17 titres inédits enregistrés sur scène lors d’une tournée mondiale (1969-1970). Elle y chante en anglais (Barbara Allen), en espagnol (Cabrestero), en italien (Cicerenella), en russe, en roumain aussi bien qu’en français (Marleau). Marie Laforêt a beaucoup chanté sur scène des chansons restées inédites comme Mon cœur se balance, composée sur une musique de Mendelssohn.
En 2001, elle publie « Mes petites magies », livre de recettes pour devenir jeune, un livre de recettes de beauté. En 2002, elle publie « Panier de crabes : les vrais maîtres du monde », un livre engagé ou elle dénonce les dérives de la finance, monde qu’elle a côtoyé lorsqu’elle était mariée à Éric de Lavandeyra.
Après avoir joué Maria Callas dans « Master Class », rôle qui lui vaut d’excellentes critiques (nomination aux Molières en 2000 pour son interprétation), elle remplace Isabelle Mergault dans la pièce de Laurent Ruquier La Presse est unanime en 2003. Elle joue également durant un mois à l’Espace Cardin en 2004 dans Jésus la Caille, adapté du roman Jésus-la-Caille de Francis Carco. Elle participe chaque semaine sur Europe 1 à l’émission de Laurent Ruquier On va s’gêner.
Marie Laforêt remonte sur scène du 14 au 16 juillet 2005, dans le cadre du festival « Juste pour rire » de Montréal, en avant-première d’une série de spectacles qu’accueille le théâtre des Bouffes-Parisiens, à Paris, du 12 au 24 septembre 2005, pour son premier tour de chant depuis 1972. Le public est au rendez-vous, le spectacle se joue à guichets fermés. Après deux ans d’attente, une série de concerts pour septembre 2007, et une tournée d’adieux sont annoncées, puis annulées à la suite de problèmes de santé de la chanteuse.